
Kam, chasseur de Dragons, multiclassé mineur.
(Divers - Heroïc-Fantasy - Humour - 10/11/2004)
Histoires Epiques de Héros Injustement Méconnus, comptée par un ménestrel sarcastique et pour la première fois non censuré et avec moult annotations et parenthèses.
Kam et le Dragon Vert.
La situation (et elle est pas terrible…).
Blotti contre les collines marquant la naissance des Monts Crocsauvages, se trouvait le presque prospère petit village de Finplaine. Village tranquille, sans histoire, d’un calme monotone qui plongerait quiconque dans un ennui proche du coma mental. Il ne s’y passait jamais rien.
Et de ce fait, on y vivait heureux, tranquillement, doucement.
Quelques riches seigneurs ou marchands venus d’Hillend ou des villes plus peuplées du royaume d’Elrond III , dit le Jeune, y venaient parfois s’y détendre, se retirer hors du tumulte de la ville et des complots de la cour…Avant d’en repartir bien vite.
Attention, il ne faut pas croire que tout soit rose et tranquille dans ce modeste patelin. Il n’y avait seulement que des affaires banales et classiques.
Quelques attaques de loups occupaient Yeowul, le rôdeur grognon. De temps en temps quelques gobelins menaçaient les bergers. On perdait une ou deux femmes le temps que la milice (trois plantons et un vieillard strict du nom de Varcrane qui s’était autoproclamé chef) se décide à se bouger.
Et bien sur, les sinistres histoires de voisinages qui occupaient les soirées commérages à la taverne/écurie/forge de la place du village.
Rien de bien palpitant.
Mais ça avait brutalement changé : on avait vu un Dragon !
Ce furent les bergers qui en parlèrent les premiers, tout excités (pensez-vous, une nouvelle de cette importance. Ils ne verraient sans doute plus jamais ça dans leur vie, ce en quoi ils avaient tort, voir histoire suivante).
Ils avaient vu la bête en chasse, beauté écailleuse, majestueuse, monstrueuse, d’un vert terne selon leur dire. Au moins dix mètres de long, j’vous jure les amis, resservez-moi, les émotions ça donne soif…
Dès le lendemain, elle avait doublé de volume, voire triplé, selon les récits.
Le surlendemain, il était difficile de trouver une seule personne qui n’eut pas été confrontée au monstre.
Yeowul la décrivait comme « Une monstruosité visqueuse, couleur de vase, sortie du limon des Enfers, chassant avec la cruauté digne d’un chat jouant avec une souris ! »
Il avait fait quelques études avec l’apothicaire, pensant faire un jour retraite dans un monastère. Mais il se révéla trop asocial, même pour ça. Et ça n’avait évidemment rien à voir avec son défaut d’écriture. L’alphabet avait quand même trop de lettres, et si tordues…
L’apothicaire d’ailleurs décrivait la chose comme « Un éclair d’émeraude majestueux, fendant l’azur avec vivacité et facilité, seigneur des airs et roi des animaux ! »
Lui, c’était la carrière de Barde qu’il avait raté.
Mais la description la plus…pragmatique…Fut celle du Père Hormel, un vieux berger : « y’a un t’ain d’lézard tout vert qu’y vole qu’y’a bouloté deux d’mes moutons ! »
Drame villageois.
Bien vite, les disparitions de moutons et de vaches se multiplièrent (certains esprits chagrins remarqueront que bizarrement, certains cheptels avaient, eux, grossis…) et les carcasses sanglantes décoraient incongrûment les pâturages et les collines.
On nota aussi que le vieux Hormel déclara au chef du village la disparition de plus de moutons qu’il n’en possédait et qu’il osa réclamer une indemnisation, arguant que la municipalité et la noblesse se devaient de les protéger des monstres volants. Ils payaient des impôts, après tout.
Bon, il fit ce discours dans des termes plus fleuris et en place publique, le tout après avoir moult fois raconté son agression par « La Bête d’l’Enfer » à la taverne…
Il n’y gagna donc qu’un séjour dans la minuscule geôle de la prison locale, au dessous justement de la maison du chef du village…
Mais la population était inquiète et nobles et magistrats (enfin ce qui en tenait lieu ici), décidèrent qu’il fallait faire quelque chose.
On envoya donc la milice, enfin Varcarne et le « volontaire » qui n’avait pas trouvé d’excuse valable à temps.
Yeowul se joignit à la compagnie (il faut bien vivre…), guidant les courageux défenseurs de la Loi et de l’Ordre dans les méandres de l’enfer vert des collines boisées et cultivées depuis des millénaires de Finplaine.
Pas fous, les courageux (les litrons de vin aidant) ne s’aventurèrent pas dans les montagnes où vivaient Orcs et Gobelins.
De ce fait, c’est nuitamment qu’ils tombèrent sur « la Bête ». Elle se repaissait tranquillement d’un mouton dans un fourré quand Yeowul, en grand chasseur, lui marcha sur la queue en allant satisfaire un pressant besoin physiologique (ils avaient en effet aussi des provisions de bière).
La suite des événements fut assez logique, quelques paysans apeurés et un Rôdeur (spécialiste en vignes et champs) surpris culotte baissée ne pesaient pas lourds face à un Dragon furibard interrompu en plein repas.
N’écoutant que leur courage et les cris rauques de l’animal mythique, ils fuirent.
Ils ne durent leur salut qu’à la proximité (ça va plus vite en courant comme un dératé et sans faire de pause boisson) de la masure (terme officiel : il s’agissait contre toutes attentes d’une des plus grosses et riches fermes) de la vieille Marthe, rebouteuse, sorcière (enfin, c’est ce qui se dit…) et vieille fille un peu fofolle…
Ses talents permirent aux infortunés de ne point périr du souffle empoisonné du Dragon. Ils s’en tirèrent ainsi à bon compte, avec de simples ecchymoses et fractures, guéris à jamais de leur envie de chasser le Dragon (déjà qu’à la base…).
Le plus malchanceux fut le jeune Thomas, recrue peu imaginative issue d’une parenté trop consanguine. Non pas qu’il fut plus blesser que les autres…Mais la vieille Marthe avait des drôle de goûts (que nous tairons pudiquement) en matière de paiement…
Devant l’échec des forces locales, les autorités décidèrent de mettre la main à la poche, aidées par la cassette du Temple du Dieu du Commerce (dont le prêtre, 1m56, 102kg, rechigna un peu, la panique générale faisant fructifier le commerce de potion de soins et autres remèdes…).
On décida donc d’envoyer un message à la plus proche ville pour aller quérir une chose rare à Finplaine : des héros.
On dépêcha le jeune Colin, dit Lestepatte, fils de meunier et promis à un bel avenir de postier vu son jeu de jambes (quand il n’avait pas bu). On lui confia une missive demandant de l’aide rédigée avec soin, et une bourse bien pleine pour embaucher quelque héroïque chasseur de dragon. Il partit gaillardement, fier de l’importance de sa mission et heureux d’aller voir un peu du pays.
Inutile de vous dire que les habitants de Finplaine pouvaient attendre longtemps son retour.
Le jeune homme avait, dès sa première halte dans une bourgade digne de se nom, succombé au charme du quartier des plaisirs et de ses accortes hôtesses. Il y serait encore aujourd’hui, portant de temps en temps un paquet pour de suspects marchands…
Donc point de héros se présentèrent. Les langues allèrent bon train, beaucoup soupçonnant « la Bête » d’avoir intercepté et occis le messager. D’autres étaient plus terre à terre et se traitaient d’idiots. Les plus malins envisagèrent d’imiter l’exemple du jeune homme.
La situation empirait (surtout si on écoutait les dires de taverne). Les massacres de bétails se poursuivaient et les enfants n’étaient plus autorisés à sortir le soir (ce qui pourrissait évidement la vie des fermiers, devant supporté un peu plus la marmaille…).
Le Sauveur arrive…
Le salut arriva par le retour saisonnier de Kam, le mineur, et de son apprenti Yolym, jeune homme gigantesque mais un peu benêt. Trop maladroit pour devenir forgeron malgré ses muscles, il cassait de la pierre sous les ordres du vieux Kam (on disait vieux à cause de sa posture voûtée, héritage de la mine. Il n’avait pas dépassé les trente-cinq ans et présentait bien malgré ses traits burinés).
Kam était un atypique, un solitaire. Pas asocial comme Yeowul, mais juste avec une réputation…bizarre…
En effet, comparé à ses concitoyens, Kam avait un gros défaut. Il réfléchissait.
On s’était rendu compte de cette tare durant son enfance : d’abord joyeux devant l’esprit brillant de leur fils, ses parents avaient forcé le prêtre local du Dieu du Commerce à lui enseigner lettres et religion. Une bonne situation pour le futur, pensaient-ils.
Mais bien vite Kam montra ses défauts : une insatiable curiosité qui cadrait mal avec les dogmes assénés par le culte…Enfin…Il s’agit quand même du culte du Dieu du Commerce, qui est très « libéral ».
Mais les questions incessantes de Kam irritèrent le grand prêtre qui fini par le renvoyer (certaines mauvaises langues diront qu’il a pris peur en voyant monter une nouvelle génération compétente qui pourrait menacer sa sinécure…).
Ainsi le jeune Kam passa de Maître en Maître, chez l’apothicaire, chez les prêtres du Dieu de l’Agriculture, chez plein de monde qu’il ennuya jusqu’au renvois…
Resta donc seul le dur métier de mineur, qu’il exerça avec un talent tout à fait honorable.
De plus, ça convenait à sa nature tranquille et à sa recherche du calme.
Il était ainsi le seul du village à s’aventurer au loin dans les montagnes, à la recherche de précieux gisements de fer.
Bien vite, Kam s’était rendus compte que les histoires sur les Orcs et les Gobelins qui maraudaient sur ces pentes ardues étaient fort exagérées. Il n’avait pas hésité à négocier son droit de passage, ramenant quelques armes et armures métalliques échangées au forgeron du village contre sa cargaison de fer.
Armés ainsi les ennemis du village pourrait dénoter d’une certaine nature vicieuse (ou opportuniste, ou sauvagement capitaliste), mais en fait Kam était plutôt un cynique : il savait pertinemment que les Orcs et les Gobelins allaient d’abord guerroyer entre eux pour de sombres histoires de celui qui l’avait la plus grosse…Et comme en plus ces peuples primitifs et isolés de tout n’avait aucune idée de comment entretenir de bonne lame de métal…
Mais revenons à notre histoire de Dragon.
Kam revenait donc de ses lointaines mines, avec son apprenti et ses ânes porteurs (notez ici la distinction).
Il entra dans la taverne du village, à la fois pour se rincer le gosier avec des boissons « civilisées » qui vous montent au cerveau et vous font vomir, et à la fois pour marchander avec le forgeron.
Il trouva l’assemblée de rudes travailleurs en proie à une immense consternation.
« Holà, vous en faites bien des têtes d’enterrement ! » s’écria le mineur. « Une catastrophe s’est produite ? Les fûts de Tordventre ont été égarés ? »
En lui servant une chopine, on lui rapporta les tragiques événements et l’arrivée du saurien volant.
Kam ne dit mots pendant un moment (un long moment : le temps que tous rapportent les faits, enjolivés, d’une façon plus ou moins cohérente…). Puis il se leva en silence et sortit sous le regard perplexe de ses compagnons de bar.
Il revint peu de temps après, munit d’un parchemin vieillot et d’un épais livre richement décoré.
« J’peux vous en débarrasser, moi, d’votre bestiole. » déclara-t-il alors, stupéfiant la populace.
Vantardise d’ivrogne ? Peu probable, Kam n’avait jamais été grand amateur de boisson, et il n’avait même pas fini sa troisième pinte.
Devant l’incrédulité et la stupéfaction de ses concitoyens, le mineur déplia son parchemin vieillissant.
« Vous n’savez point ? Mon arrière-arrière-grand-père fut un aventurier et a déjà combattu des Dragons. D’après c’papier, l’seigneur l’a officiellement nommé Dragonslayer. Et c’est un titre honorifique qui s’transmet aux descendants, y parait… »
Bien évidement, la majorité des occupants du bar ne savait ni lire, ni écrire et ne pouvait vérifier les assertions de Kam. Mais les plus cultivés reconnurent en effet le sceau seigneurial.
Et puis Kam n’était pas du genre à inventer des bobards ou à se vanter (enfin, comparé aux pécheurs, aux chasseurs et aux autres piliers de bar en général…).
« Ah ouais… » fini par résumer le tavernier. « Et tu comptes t’y prendre comment pour chasser la Bête ? »
« J’sais pas trop encore, mais grand-papa a tout consigné là-dedans. » répondit le hardi mineur en désignant son lourd ouvrage. « Y’a sûrement des trucs utiles… Regardez ! »
En effet le livre était plein de représentation dragoniques, splendides et inquiétantes. Pour les rares érudits qui peinaient à déchiffrer l’écriture, l’ouvrage expliquait tout de l’écologie des dragons, habitats et habitudes, leurs mœurs et leur organisation sociale. Le travail de toute une vie de passionné…
Bien évidemment, coté informations utiles pour le combat…Et bien il est dommage que même les plus vieux ne puissent se rappeler que arrière-arrière-grand-papa Kam revint de sa chasse (après avoir compulsé l’ouvrage), avec un bras et une jambe en moins, ainsi que de belles brûlures…
Bien que Kam connaisse cette histoire, il n’avait nullement peur. En fait il était assez excité : ce n’était pas tout les jours qu’on partait à la chasse au Dragon !
Le mineur convainquit donc le village de le laisser partir lui et son apprenti (qui n’en menait pas large mais qui avait une confiance aveugle, frisant la bêtise, en son maître…). Il faut dire que Kam n’avait fait mention d’émolument…
La Traque et le Dragonslaying made in Kam.
Kam avait tout lu sur les Dragons Verts d’Aërth, espèce arboricole au souffle empoisonné et aux écailles d’émeraudes plus dures que l’acier.
Vivant dans les arbres ou dans des grottes non loin des forêts. Bâtissant un nid de feuille et de branches « ramollies » par le souffle méphitique. Chasseur émérite aux sens développés et sachant vicieusement s’embusquer et se fondre dans la végétation. Ah, disposant aussi d’une queue préhensible terminée par un dur dard empoisonné…
Bref, une parfaite saloperie mais en plus sûrement magicienne et intelligente...
Le conseil du livre : fuir (note rajouter par le lointain ascendant de Kam après son succès mitigés contre son Dragon…).
Avec ses informations, Kam avait déjà défini un début de stratégie…
D’abord, il allait roder dans la forêt, non loin de l’endroit où Yeowulf avait rencontré « la Bête ».
Ensuite, vu les talents de chasseurs de l’animal et la discrétion de Kam et son apprenti, c’est elle qui leurs tomberait dessus.
Kam eu un soupçon de remords quand il vit son apprenti sursauter, hurler et s’évanouir quand un petit Dragon Vert (enfin, petit…Les rumeurs avaient certes bien exagéré, mais la bête faisait facilement ses cinq-six mètres de long…) arriva, fondant du haut d’un grand arbre. Il aurait du mètre le jeune homme au courant de ses plans…
Bah, au moins comme ça, Yolym n’aurait pas de réflexes stupidement désastreux ou suicidaires, comme donner des coups de sa pioche au prédateur d’émeraude.
Devant la charge menaçante, devant les griffes tranchantes comme des rasoirs et la queue empoisonnée, Kam se contenta de cracher le brin d’herbe qu’il mâchonnait depuis un moment déjà.
Ce courage, cette folie ou cette mollesse déconcertèrent suffisamment le Dragon pour qu’il ne décapite pas le mineur d’un négligeant coup de patte.
Il se contenta de se poser devant lui et de prendre une pose menaçante en le dominant de toute sa hauteur.
« Salut. » lança négligemment Kam à la créature féroce.
Le Dragon Vert cligna de ses yeux jaunes, deux fois, abasourdi. Quel était donc cet humain loqueteux, comme tout ceux qui vivaient là, mais qui n’avait absolument pas peur de sa cruelle magnificence ?
« J’suis mandaté par le village… » poursuivit Kam, profitant de la surprise du saurien. « Y sont comme qui dirait un peu embêtés, là… »
« Plait-il ? » réussit à dire le Dragon, en fouillant dans sa mémoire pour se remémorer le langage humain.
« Ah, vous parlez ! Tant mieux, ça va simplifier, l’truc… »
« Sachez manant, que je peux aisément converser dans moult langages des races qui osent s’autoproclamer civilisées ! » rugit le Dragon de jade.
« Ah ouais, vous causez vachement bien, en plus. On dirait un noble, chapeau ! En plus on vous comprend très bien, même si votre voix est un peu rauque… »
« Un Paladin hardi qui était venu me défier et qui comme de juste échoua, m’enseigna les manière et le langages de votre race pitoyable. Avant que je me lasse et que je l’occisse comme il se doit. » grogna la créature, qui en pensée cherchait quelles tortures infliger à l’outrecuidant mineur.
« Et bien, et bien… Vous êtes assurément quelqu’un de grand et de puissant…J’peux vous demander votre nom ? » enchaîna Kam.
Flatté, le Dragon décida de continuer un instant à écouter cet étrange humain. Après tout, dans le coin, les occasions de rire et de se distraire étaient rares…
« On me nomme Grérendhyrr, dans votre langue. »
« Z’êtes un mâle ? S’cusez mais c’est pas évident, pour nous… En tout cas ça peut expliquer des choses… »
Le Dragon Vert eut un rictus découvrant sa pléthore de dents grandes comme des poignards.
« Et bien, Gréhendhyrr…Pour un être si nobles, si civilisé et si puissant, laissez moi vous dire que votre comportement laisse à désirer… » poursuivit Kam d’un ton docte.
« Comment osez-vous ! » rugit le Dragon au comble de la fureur. Il prit son inspiration, prêt à noyer l’impudent dans un nuage de gaz et de fluides mortels.
« Vous voyez ? » demanda Kam en prenant le Dragon à témoin. « A la moindre contrariété, vous réagissez par la violence…C’est pas un peu…primaire, comme réaction, pour un être aussi avancé que vous ? »
Le Dragon en resta estomaqué (la plupart des gens le serait : Kam pouvait parler aussi bien que le Dragon ! C’est un lettré caché…), manquant de s’étouffer avec son propre souffle. Il toussota (et Kam recula) et dévisagea le mineur avec étonnement.
« C’est comme avec le village…Vous leur bouffez leur bétail, vous vous amusez à les terroriser et à dévaster leurs forêts, leurs cultures…C’est pas un peu facile et puéril ? Surtout pour un être de votre puissance… S’acharner ainsi sur des gens moins gâtés que vous… »
« Mais, mais…C’est ce que font traditionnellement les Dragons ! »
« Oh, la belle excuse ! Elle a bon dos la tradition. Je croyais que vous étiez une race fière et noble, courageuse et puissante, pas de vulgaires pillards, cruels et joueurs, comme des Orcs ou des Gobelins, tient… »
Sans savoir pourquoi, le Dragon sentit que les paroles de Kam le blessaient. Il se sentait vaguement honteux.
« Je suis un être courageux. Je prends ce que je veux et je tue ce que je veux. Je suis un seigneur ! »
« Ben…De notre point d’vue, ça fait plutôt l’effet de caprices et d’amusements d’un gosse de riche un peu idiot…Et oui, vous en tirez quoi comme gloire, de chasser de pauvres vaches et d’inoffensives chèvres ? Et tout simplement parce que vous êtes plus grand et plus fort que nous, ça vous donnerait le droit de faire ce qui vous chante ? Et vous prétendez toujours être civilisé ? »
Le Dragon Vert ne savait plus que répondre. L’analyse de l’humain été si exacte ! Déjà, il sentait la honte monter en lui… L’humain avait raison : cédant à la facilité, il s’était repu des élevages humains…Où était la gloire là dedans, en effet ?
« J’ai apparemment commis quelques erreurs… » maugréa Grérendhyrr, se sentant coupable et n’aimant pas ça. « Pourtant, ce n’est pas à vous de me juger ! »
« Bien loin de moi c’t’idée ! » déclara Kam en souriant. « J’suis pas un magistrat, j’suis juste un envoyé de vos voisins…J’suis venu vous engueuler pour vous remettre la tête en place. Vous avez fait une erreur. Ça arrive à tout le monde. Il suffit juste de s’en rendre compte à temps. En tout cas, vous êtes sur la bonne voie… »
« Hein ? »
« Ben oui, z’êtes là, à m’écouter, alors que j’ai ni pouvoir magique, ni arme et que je dois même pas peser un quart d’votre poids…C’est bien là l’attitude d’un grand seigneur. D’un sage, même, vu que vous avez eu le courage de reconnaître que vous aviez pu vous tromper… »
Le Dragon resta un moment silencieux. Il réfléchissait.
Amusant, cet humain, et plutôt futé. Il avait toujours négligé ses semblables, les considérants comme des animaux tout juste bon à servir de repas.
Des nuisibles, avides même, qui venaient le défier par pur appât du gain…
Et voilà que l’un deux lui donnait une bonne leçon sur le courage et le respect d’autrui. Le respect, le Dragon n’y avait songé jusque là que comme une chose qui lui était uniquement dû…
« Il est possible qu’on puisse trouver un terrain d’entente… » déclara alors Kam. « J’suppose que vous ne voulez pas quitter la région… »
« Ceci est désormais mon domaine, comme l’a décidé la tradition et la loi des Dragons, quand j’ai quitter ma Nuée. Je ne partirai point et je combattrai tout ceux qui oseront prétendre m’en chasser ! »
« J’m’en doutais…Fichu tradition, hein…Remarquez, si vous aimez le calme, ici ça vous conviendra… » soupira le mineur. « D’ailleurs, une question : c’est bien la tradition qui vous oblige à vivre dans une grotte et sur de la paille et de l’or, comme un primitif troglodyte avare, ou vous aimez vraiment ça ? »
Une fois de plus, le Dragon Vert resta stupéfait devant le discours de l’humain qui critiquait ouvertement son mode de vie…
« C’est en effet notre habitat traditionnel. L’or et les trésors que nous accumulons représentent notre puissance et assurent notre gloire et… »
« Ouais, ouais…Mais c’est quand même pas confortable, une grotte humide, des branches et du métal…Remarquez, vous avez la peau dure…C’est comme votre passion pour la viande crue. Ça manque un peu de raffinement pour quelqu’un comme vous… »
Une fois de plus, l’humain n’avait pas tort.
« Mais c’est la tradition… »
« Vos ancêtres on souffert, donc vous devriez souffrir aussi ? Allons, les temps changent et les traditions aussi ! J’ai une proposition à vous faire...Que diriez-vous de venir au village ? »
« Je ne me mêlerai pas à vos semblables répugnants ! Je suis un chasseur solitaire, pas un monstre de foire ou un esclave de votre race ! »
« Oh, je ne suggérais rien de tel ! Vous voyez le mal partout… Ecoutez donc jusqu’à la fin. » répondit Kam, assez sèchement pour faire taire le saurien. « Voilà. J’vous demande pas de vous mêler aux gens du village, non. Pour être franc, bien peu méritent d’être connus. Mais voilà, j’ai une vieille amie un peu esseulée, que peu de gens apprécient et qui est fatiguée de sa solitude…Si vous vous installiez chez elle ? Elle a une grande maison, bien confortable et chauffée. En plus, elle s’y connaît un peu en magie et pas mal en herboristerie…J’suis sur que vous vous entendriez bien ! »
« Et qu’y gagnerai-je ? »
« Ben, un peu de compagnie aussi. C’est pas marrant marrant, de vivre seul. Et vous aurez droit à tout le confort moderne. Et à sa cuisine. Ça, vous m’en direz des nouvelles… »
Le Dragon semblait hésiter. Vivre avec un humain…
« Ah, elle a quelques possessions, ça vous ferait un trésor de base, non ? Et puis, c’est une humaine, comparé à vous, elle ne vivra pas longtemps…Je suis sûr qu’elle préférerait que se soit vous qui héritiez de sa ferme. »
Grérendhyrr ne semblait toujours pas convaincu. Kam décida donc de faire appel à son arme secrète. Dommage…
Il ouvrit doucement sa sacoche.
« Du pain au miel et au raisin. » expliqua-t-il au Dragon en lui tendant une grosse miche. « Servez-vous et dégustez… »
« Ça se mange ? » demanda le saurien vert en tendant une serre vers le pain. « Ça à une drôle d’odeur sucrée… »
Le Dragon ne fit qu’une bouchée de la spécialité culinaire de la vieille Marthe.
Certains imaginatifs vicieux pourraient penser qu’il s’agissait là d’une fourberie mortellement toxique employée par le sagace Kam et préparée méchamment par la sombre sorcière du village…
Nenni. C’était tout simplement délicieux.
Grérendhyrr n’en revint pas.
Il ne fallut pas longtemps à Kam pour convaincre le saurien déjà en manque de pâtisserie. Le marché fut passé, à l’essai au début.
Le Dragon Vert, le mineur et un apprenti terrorisé (et en vénération devant le courage de son maître) du susdit quittèrent la forêt pour les terres de la vieille Marthe.
Celle-ci ne fut que modérément surprise et accepta sans trop de réticence le Dragon et l’arrangement de Kam. Ces deux excentriques étaient en effet amis de longue date (enfin, Marthe aurait voulu être un peu plus qu’une amie, mais Kam était un célibataire endurcis….Et bon, la sorcière avait le look de son emploi supposé…).
Il ne fallut pas longtemps à la vieille Marthe pour être charmée par l’élégant Dragon Vert au noble parlé.
De plus, comme l’avait deviné le rusé mineur, ils partageait une passion pour les plantes et la magie, sources entre eux de discutions passionnées et de disputes amicales. Désormais, le saurien respectait l’opinion et les conseils humains.
D’ailleurs, il devait reconnaître que Kam avait bien eut raison : un lit moelleux et confortable (un gros coussin de plume, acheté et cousu pour une bouchée de pain à un tailleur terrorisé) de la viande bien mitonnée, des sucreries et quelques alcools fins avait considérablement adouci le Dragon.
Respectant son accord avec la ville, il ne chassait que dans les forêts et les monts lointain et que des animaux sauvages. La vieille Marthe avait relancé les élevages de sa ferme (ce fut assez laborieux, notamment pour trouver éleveurs et bergers qui ne s’enfuient pas en hurlant), histoire de varier la nourriture de son compagnon.
Grérendhyrr avait également trouvé de quoi satisfaire les avides besoins de puissance de sa race. Se servant de Marthe comme prête-nom, il s’était vaillamment lancé à l’assaut du commerce libéral, où ses talents de manipulateur vicieux et cruel, son intelligence et son manque total de pitié firent merveilles…
Bien vite, lui et la vieille Marthe purent trôner sur un tas d’or conséquent et diriger un empire financier fort diversifié. On voyait fréquemment le Dragon s’envoler vers les grandes villes, allant gérer sa fortune et assister (sous forme humaine, magie aidant) à de riches réceptions.
De temps en temps, on pouvait deviner l’exultante silhouette de la vieille Marthe sur son dos.
Le temps passa et leur amitié grandit en même temps que leur fortune, mais tout les deux préféraient rester ici, au calme.
Un beau jour, Kam dut forcer (une pioche aide à faire rentrer une idée dans les crâne les plus réticents) le prêtre du Dieu du Commerce à monter jusqu’à la ferme de la vieille Marthe et à y célébrer le mariage de la sorcière et du Dragon (également sous forme humaine…Il n’avait pas trouvé d’anneau nuptial à sa taille sinon…).
Marthe semblait avoir retrouvé une seconde jeunesse (les mauvaises langues prétendirent que le Dragon avait accès à de sombres secrets magiques et qu’il conspirait avec la sorcière…Les mauvaise langue eurent bien vite la surprise de voir leurs affaires péricliter face à une soudaine et déloyale concurrence et elles furent ruinées et obligées de quitter la région…).
Quand à Kam, et bien, il repris sa vie de mineur, n’ayant rien gagné dans l’histoire à part deux amis.
Mais sa célébrité grandissait irrésistiblement, son apprenti ayant moultement commenté à la taverne l’affaire et le courage de son maître. Histoire qui fut bien évidemment amplifiée et déformée…
Ainsi naquis la légende de Kam, Dragonslayer et mineur.
II-) Kam et le Dragon Rouge.
Où l’on retrouve Kam et où l’on apprend le Gobelin (langue barbare s’il en est…).
Kam et son apprenti étaient finalement repartis dans les Monts Crocsauvages, vers le filon qu’ils exploitaient.
En effet, la célébrité naissante de l’un et les non-talents bardiques naissants (de l’autre) ne nourrissent pas vraiment…
Ils avaient traversé les cols et les vallées sauvages avec la nonchalance de l’habitude, malgré la « menace » des Orcs et des Gobelins.
Kam cheminait en tête, guidant les ânes (et son apprenti, ne médisons pas), quand ses sens d’observateurs ayant passé toute sa vie dans la nature l’avertirent d’un danger.
Ça, et le fait qu’un gobelin jaunâtre et dépenaillé s’écrasa non loin de lui, dans un glissement de rochers, de terre et de petits cailloux. Son apprenti sursauta (émotif, ce garçon), Kam garda son flegme habituel.
« Un gobelin ! » cria Yolym, en brandissant une pelle de belle taille.
Arme grandement sous-estimée, la pelle. Pouvant assommer, trancher, être maniée comme une épée ou un bâton. Les aventuriers expérimentés vous vanteront toujours la pelle et son effroyable potentiel de mortalité. D’autres se gausseront stupidement, plus confiant dans les armes dîtes « de guerres ». En effet, la pelle est une arme d’improvisation, comme le tabouret, le pied de table, la fourchette édentée, la couverture rêche, le lancer d’écuelle et le lancer de coéquipier de petite taille. Une de ces armes utilisées en dernier recours, quand justement on vous a privé/interdit les vôtres. Il existe des experts en maniement de pelle, notamment le célèbre Moine Nain Barbegrise Sotmetal, dit l’Enterreur (ou l’Entrepreneur De Pompes Funèbres), aventurier pilleur de tombeaux et grand érudit de…Quoi ? Reprendre l’histoire ? C’est que, je suis payé au mot et…Bon, bon d’accord…
Donc Yolym empoigna vaillamment sa pelle, et bien que n’étant pas un Grand Maître dans cette discipline, se prépara à défendre chèrement sa vie et celle de son Maître (qui lui maniait la pioche, mais ne l’avait pas encore dégainée, très dangereux ça, la pioche…Ok, ok...)
« Ouais, un gobelin, j’ai vu…Très grand sens de l’observation, Yolym… » déclara Kam, légèrement sarcastique.
« C’est une embuscade ! »
Concept fort probable pour qui connaissait le peuple gobelin, dont les capacités des guerriers avaient contraint l’espèce à adopter une tradition militaire dîtes « de dos, à tout plein, la nuit et par surprise ». Fine tactique fort reconnue et appréciée des professionnels de la guerre (hormis les Paladins, mais ils sont, comme d’habitude, un cas à part…).
« Une embuscade tout seul ? Pas très style gobelin, ça… » analysa finement Kam. « Et puis, vu comme il a dévalé, c’est plutôt une fuite désespérée qu’autre chose… »
L’apprenti de Kam, se calma sous la logique de son Maître. Heureusement que c’était un gars simple, sinon il aurait pu s’inquiéter de ce qui avait bien pu faire fuir le Gobelin…Bon, il n’était pas membre de la race la plus réputée pour son courage, mais…
« Oh, c’est Bob ! » s’exclama Kam, reconnaissant le Gobelin qui se relevait et essuyait la poussière de son pagne (guère utile, vu la crasse de celui-ci, mais Bob était un gobelin soigneux, la preuve en était sa coiffure rasta très entretenue, qui faisait sa fierté et annonçait au monde inculte sa qualité d’assistant-shaman stagiaire premier échelon, obtenu par népotisme).
Notons que « Bob » n’était pas le nom exact du gobelin. Mais celui dans sa langue était imprononçable, alors Kam l’avait baptisé ainsi, c’était court et simple et le Gobelin avait aimé (moins à retenir…).
« PatApé ! PaTap3r ! » hurla le gobelin en faisant de grands gestes affolés.
« KéSsKis’pAsS, bOb ? » demanda Kam en Gobelangue. Il maîtrisait un peu cette langue et avait reconnu l’introduction préalable et traditionnelle à un pourparlers pacifique. La Gobelangue était une langue étonnamment complexe pour les non-initiés et fort méconnue des érudits. Les Gobelins la jugeaient fort simple et pratique, mais le reste du Multivers la considérait (peut être à tort, mais bon…) comme barbare, gutturale, idiote et avec des règles chaotiques et nonsensiques (s’il y avait des règles…).
« ‘tin Kam, sfé plèZ deuTeu roiV’ !! » s’écria le Gobelin, au comble de l’exultation (en fait non, mais les gobelins aimaient bien exagérer leurs attitudes. Ils trouvaient ça « K3wLl », mot intraduisible).
Kam haussa un sourcil. Ils étaient rare que les Gob’ apprécient sa présence (Bob mis à part, qui tirait un certain prestige à revenir vivant de ses entretiens avec un humain qui avait vaguement l’air d’un aventurier, où du moins, ce qui s’en rapprochait dans les mornes Monts Crocsauvages…)
Les Gobelins n’étaient pas connus pour leur amour des étrangers (en fait si, mais en temps que plats culinaires exotiques…). Il faut dire que les étrangers n’aimaient pas les Gob’ non plus.D’ailleurs, personne n’aimait vraiment ces êtres (honteux racisme et a priori millénaire). Encore une grande discorde culturelle provoquée par la différence et l’indifférence…
« Ta 1 bl3m ? » demanda Kam.
« Tou leu l33TGObmoNklan a 1 pr0b’ !!! »
Kam ne comprit que quelques mots : « l33TGObmoNklan » était le nom de la tribu de Bob et il lui semblait que « pr0b’ » était un synonyme de bl3m, qui signifiait « ennuis ».
Vraiment, quelle langue…
« Parle en commun, ça fait un bail que j’ai pas pratiqué la Gobelangue et ça me fait mal à la tête… »
« Bon, d’accord… En fait tout le clan a un problème ! »
Vous remarquerez sans doute avec étonnement que Bob le Gob’ n’avait aucun mal à parler la langue commune. Les gobelins sont beaucoup moins stupides qu’on le croit généralement et Kam avait enseigné pas mal de chose à celui-ci, particulièrement doué, afin d’avoir un interprète.
« Et c’est quoi ce problème ? » s’informa Kam, assez curieux. Certes, les Gobelins passaient leurs temps à avoir des problèmes, mais ils y impliquaient rarement les humains, et les yeux de Bob étaient amplis de larmes de supplication.
« On a un p’tin d’3vil L33tFe4rRedrak ! Pardon, Kam, j’me rappelle pas la traduction du dernier mot… »
« Moi par contre, j’ai un doute… Comme qui dirait un pressentiment d’un acharnement sordide du Destin… »
« Hein ? »
« Vous n’auriez pas un problème avec un gros lézard volant, écailleux et rouge, qui crache le feu ? Un Dragon ? »
« Ah ouais ! T’es génial Kam, c’est exactement ça ! »
« C’est ce que je craignais… » soupira le mineur, sentant bien la Volonté écrasante d’un Dieu courroucé ou le Doigt (un très gros et écrasant doigt) d’un Destin farceur.
« On m’a dit qu’t’avais occis un truc pareil dans ton village… »
« On a dit ça… » grogna Kam avec un regard assassin vers son apprenti, occupé à siffloter et à contempler les nuages inexistants.
« Je me suis enfui et j’ai voulu te chercher pour te supplier de nous aider…Et je t’ai enfin trouvé ! Que ZeSlayErT0pFrag, Dieux de la Guerre Mais De Loin, du Massacre Futile, du Lâche Assassinat et du Camping soit loué ! »
« Ouais, ouais, on y va…Conduis moi à ton camp. » soupira Kam, sans chercher à fuir son Destin (Il était sage et érudit : c’est conseillé d’accepter l’Epreuve car sinon il vous arrive immanquablement un truc pire... Lire à ce sujet les anciens et érudits écrits du Major Murphy « Où Pourquoy l’Vnivers m’en vevx à Moy, Personnellement »).
« Maître, on va aller combattre un Dragon pour…pour des Gobelins !?! » s’insurgea Yolym, un rien épouvanté, voire même complètement terrifié et incrédule.
« Oh, combattre, on verra… Et entre voisins, il faut s’entraider…J’ai pas envie qu’la bestiole se radine chez nous après avoir boulotté tout les gob’… »
Il faut préciser que la mine la plus prospère de Kam était en plein territoire Gobelin, mais ce fait n’enlève rien à l’épique courage de ce noble héros…
« On te suis, Bob. » ajouta Kam, traînant son apprenti qui roulait des yeux affolés.
« Tout de suite, gentil Maître ! Patapé gentil Sméagol ! »
Ils emboîtèrent donc le pas au sautillant gobelin, ravis d’avoir trouvé de l’aide pour son épineux (enfin, écailleux et brûlant) problème.
« Dîtes moi, Maître… » commença Yolym, interrogatif et méfiant. « Sméagol, en Gobelangue, ça veux pas dire « vil petit traître n’attendant qu’une erreur pour vous poignarder lâchement dans le dos » ? »
« Je vois avec bonheur que tu as parfaitement suivi mes leçons. Mais ne t’en fait pas, c’est une salutation rituelle annonçant la fin d’une négociation réussis. »
« Négociation ? Mais il ne nous a rien offert ! Et d’ailleurs que pourrait offrir de pouilleux gobelins ? »
« Déjà, un droit de passage, pour ne pas nous pourrir la vie. Ensuite, généralement ils offrent femmes et alcool. Comme pour un salaire d’aventuriers, quoi ! »
« Mais il n’a rien dit de tout ça ! »
« Encore une de leurs particularités culturelles : ils nous offriront tout ça quand on les aura un peu secoués…La tradition, apparemment. Ce peuple semble avoir quelques penchants sadomasochistes…Mais je compte décliner tout ça…Pas intéressé. »
Les théories de Kam se trouvèrent vérifier quand ils furent en vue du camp gobelins. En effet, au cœur de ses montagnes inexplorées (car ne présentant guère d’intérêt minier ou stratégique ou n’importe quel intérêt, en fait…), les gobelins avaient réussit à installer leur village sur le seul bout de terre caillouteux et aride du coin, en plein vent, à la vue et à la merci de tous.
Rencontre avec le Roi des Gobelins (ahaha !!).La méthode Kam à l’œuvre à nouveau.
Kam, en éminent spécialiste de la région et des coutumes locales gobelines (il était le seul, aussi le titre était facile à obtenir…), constata que ça avait bien changé.
Habituellement, les gobelins vivaient dans des tentes en peaux de bêtes, placées dans un ordre complexe (peut être même aléatoire, mais ne médisons pas, ou pas trop…) en fonction de leur bizarre système de castes.
Kam ne connaissait que quelques unes de celles-ci…
Bob était [l33TGObmoNklan] [xXxD1cKsUcK], ce qui le désignait comme un shaman hédoniste et grand reproducteur mâle , un titre assez convoité.
Il y avait également les [f34Rl33t], les décideurs et les [T4kTh3s3], des guerriers et des chasseurs. Et aussi des [L1nUxPow3rZ], des rebelles ou des hérétiques, apparemment… Il existait moult grades aussi intraduisibles.
Mais bon, on s’en fout, de tout ça. La situation avait changé.
Tous désormais étaient logés dans une tente commune, le reste avait servit à bâtir (humm…Selon les normes gobelines, qui ne se souciaient ni d’efficacité, ni de normes de sécurité, ni même d’un sens esthétique connus) une sorte de salle du trône, d’abris pour loger sa Prestigieuse Nouvelle Majesté des Gobelins.
Trônant en monarque absolu (facile, vu l’opposition…) au dessus d’une pile de débris, d’os et de tas d’objets moisis ou brisés issus de pillages se trouvait un majestueux et grand, féroce et cruel Dragon Rouge. Yolym comprit alors le dédain de son Maître pour les « trésors » gobelins en contemplant l’amas d’immondices (pour un presque futur artiste) qui servaient de litière au Dragon.
Il mesurait facilement ses quinze mètres de long, ses écailles de rubis luisantes et dures comme l’acier lançaient des reflets sanglants dans la lumière crue de la montagne. Des griffes et des crocs innombrables et affûtés comme des rasoirs ajoutaient à la menace.
Ses yeux jaunes, cruels et perçants, se plissèrent de surprise en voyant arriver le Gobelin et les deux Humains.
Il rugit, impressionnant, empuantissant l’atmosphère de relents souffreux. Yolym tomba immédiatement évanouis (décidément très émotif, ce garçon), croyant sa dernière heure venue.
« Salut ! », lança Kam, apparemment nullement impressionné. Vu le manuel de grand papy et ses connaissances, il s’était déjà fait une bonne idée sur le Dragon. Il s’agissait d’un adolescent impétueux, surpuissant et imbu de lui-même, délibérément cruel.
Bref, ça aurait pu être pire. Mais difficilement, quand même. Et dans ce genre de situation, inutile de s’affoler : c’est trop tard.
« Qui es-tu, impudent qui ose s’adressait à moi, Seigneur de ces terres dévastées ! Agenouille toi devant ton Roi ! »
« Vous savez, mis à part le tas de rocs délabrés qu’ont dégottés les gob’, c’est pas particulièrement dévasté, comme coin… »
Cela décontenança le Dragon un instant, mais il se reprit bien vite. Il inspira, se préparant à cracher sa mort ardente.
Kam se prosterna avec déférence, causant l’émission de petits bruits étranglés de panique de la part de Bob. Son supposé héros n’était visiblement pas à la hauteur et allait le trahir…
« Mon nom est Kam, votre Splendeur Seigneuriale Rouge Sang. »
Le Dragon retint ses flammes mortelles un instant, flatté par l’attitude déférente de l’humain.
« La flatterie la plus débile marche toujours avec eux… » pensa Kam.
« Voilà qui est bien mieux ! » rugit le saurien en voyant l’humain s’aplatir devant sa magnificence. « Que viens tu faire ici, humain ? Es-tu un suicidaire d’une secte tordue qui veut devenir mon repas et mourir ainsi dans la gloire ? »
Kam sourit et hocha négativement la tête, le regard baissé. Notez au passage que des individus et des mouvements tels ceux décrits par le Dragon Rouge existaient réellement en Aërth…Comme dit souvent le prêtre du Commerce de Finplaine « Y’a des cons partout ! ». A commencer par ses voisins, ses clients, mes éditeurs radins, mes créanciers sans coeurs et…Bon, on avait dit pas de médisances…
« Je viens ici vous offrir mes services en tant que conseiller en communication, Ô magnificence de rubis… » déclama Kam d’un ton mielleux (il était doué le bougre !).
« En temps que quoi !?! »
« Conseiller en communication, votre Immortelle Splendeur d’écailles. »
« Et c’est quoi ? » demanda le Dragon Rouge, décontenancé.
Intérieurement, Kam ricanait. Par chance, il n’était pas tomber sur le plus futé représentant de la gent draconique. Mais celui là avait l’air d’un violent qu’un bon raisonnement sur le respect et l’amour d’autrui ne calmerait pas…
« Et bien, je vous offre mes conseils pour mieux gérer votre image de marque, pour étendre votre légende et pour briller auprès de vos voisins et vos congénères… »
Le Dragon poussa un rugissement colérique avant de souffler une langue de feu en direction de Kam.
Heureusement, il avait prévu l’éclat d’humeur du saurien et avait plongé loin à l’abri derrière une pierre, empoignant Bob et son apprenti inconscient d’une main ferme (des années de maniement de pioche…).
Par contre une douzaine de gobelins rampant vilement pour servir les caprices du Dragon furent proprement (enfin...) rôtis. Nul ne s’en soucia, remarquez, la tradition gobeline n’étant guère clémente avec les morts, surtout ceux qui était trop cuits et calcinés pour être mangeables…Sans doute était-ce à cause de leur proverbiale fécondité (un proverbe gobelin, que la décence nous interdit de citer en Gobelangue dit ainsi « Dix de perdu, Cinquante ou cent de retrouver, ça dépend si chéri à mal à la tête ce soir… »).
Kam se redressa en commençant de grands salamalecs pour s’expliquer.
« Tiens, encore vivant… » maugréa le Dragon avec hargne. Il n’aimait pas rater sa cible, surtout si celle-ci n’avait rien de l’envergure d’un Noble Paladin ou d’un puissant Magicien. Il avait raté un paysan, la honte !
« Pardonné mon impudence, votre Brûlante Seigneurie. Mais ce glorieux geste d’humeur pourrait par exemple être une faute grave en société et… »
« Je me fiche de ça ! » rugit le Dragon.
« Il vous faut bien quelqu’un pour chanter votre gloire et prendre soin de votre image auprès de l’Histoire… »
« Ah, t’es Barde, fallait le dire plus tôt ! » s’écria le Dragon. Il avait en effet entendu parler de ces troubadours qui propageaient légendes et faits glorieux. L’un d’eux avait continué à chanter jusqu’à ce qu’il le dévore vivant.
« C’est presque ça…Mon apprenti ici présent, est plus adapté pour l’enjolivure et la chanson que moi, mais je serai vous prodiguer conseils pour étendre votre gloire… »
« Je n’ai nul besoin de conseils ! Regarde ma légende et mes faits d’arme ! » tonna le Dragon. « J’ai conquis sans coups férir la région et mes serviteurs pourvoient à tout mes besoins en se prosternant devant moi tels des vermisseaux ! »
« Oh, la gloire d’avoir conquis une montagne pelée et asservi quelques tribus de gobelins…Franchement…Est-ce digne de vous ? » lança alors Kam d’un ton sarcastique.
« Qu..QUOI !?! »
Le Dragon se prépara à incinérer l’impudent personnage, à le scorifier et à disperser ses cendres d’un coup d’aile négligeant. Kam crut sa dernière heure venue. Il savait depuis toujours que le sarcasme et l’ironie causerait un jour sa perte…
Puis, l’idée énoncée par Kam fini par se frayer un passage dans le cerveau tortueux du Dragon (tellement tortueux qu’il avait fait honte à ses Maîtres et l’avait conduit à l’exil dans ces régions coupées du monde : les idées avaient du mal à ne pas se perdre dans les labyrinthes de ses circonvolutions…).
Contemplant le campement miséreux, le trésor pitoyable et les immondes gobelins qui courbaient lamentablement l’échine, le fier Dragon Rouge s’aperçut que le mineur avait raison. Il désira soudain plus, beaucoup plus !
Il retint son souffle (acte bien plus important que la locution banale le laisse supposer, quand y’a un Dragon en jeu…C’est fou le pouvoir qu’ont sur les mots ces bêtes là…).
« Tu as peut être raison, Humain…Cette conquête est indigne de mon rang glorieux…J’ai été paresseux… » déclara-t-il d’une voix pensive. « Je te laisse en vie pour te remercier de m’avoir ouvert les yeux. Tu seras désormais mon bouffon. Loue ma superbe générosité ! »
« Je suis moultement honoré par la bonté et la sagacité de votre Seigneurie, dont je n’ai fait qu’humblement accélérer le processus de réflexion… » persifla Kam, flattant outrageusement la bête écailleuse.
On n’ose imaginer ce que Kam aurait pu devenir s’il était né dans une grande citée dotée d’une Cour décente et/ou s’il avait eu quelque ambition…
« Que me conseille tu alors, pour que mon éclat et ma gloire illumine les esprits de ma race et terrorise les autres ? » demanda le Dragon, sans s’apercevoir qu’il reconnaissait ainsi implicitement la supériorité du cerveau de Kam.
« Et bien, je crois qu’il vous faudrait asservir des adversaires plus glorieux et vaillants que ces pathétique gobelins pleurnichard. En plus, ça ferait des esclaves de meilleure qualité…Je connais justement quelques tribus Orcs qui empiètent honteusement sur votre territoire et qui ne vous ont pas spontanément prêté allégeance… »
« Très bonne idée… Allons rappeler à ces mécréants qui est le Maître ici ! »
Où c’est l’escalade martiale…Jusqu’à ce que…
Ainsi fut il fait. Et vite fait.
Le Dragon empoigna Kam avec une de ses serres immenses et s’envola dans un fracas de tonnerre à la recherche des campements des farouches (enfin, dans ces montagnes et vu le haut potentiel guerrier de la région…) Orcs insoumis.
Ça lui fut facile de les traquer (ils ne se cachaient pas) et de fondre sur les campements. La surprise fut totale.
Le Dragon utilisa une tactique basique et barbare mais efficace, consistant en un premier passage incinérateur, flamme de destruction au hasard.
Il localisait ensuite le chef (généralement, celui qui fuyait après avoir ordonné à ses guerriers de combattre « Sans faillir, pour l’Honneur et le Sang ! »…).
Après l’avoir rattrapé, capturé (avec parfois des membres en moins, difficile d’être précis et délicat avec des griffes plus longues et larges que des épées, le tout en vol), il le gobait devant l’assemblée des Orcs tétanisés par la peur (ou la magie…).
Ensuite, le Dragon s’autoproclamait souverain de la région et de leurs tribus…Bien peu osaient s’opposer à lui (il y en avait. Y’a des cinglés, des héros, des alcooliques et des berserker partout…).
Bien vite, le Dragon rouge trôna sur une pile de trésor issus du pillage et de l’artisanat Orc (humm, ça, c’était relégué bien dessous la pile, de façon peu visible) bien plus conséquente.
« Regarde, Humain ! Contemple ma gloire et mes richesses qui s’amassent ! Les Orcs et les Gobelins de ces monts sont désormais mes serviteurs ! J’ai conquis de mon souffle et de ma serre les Mont Crocsauvages en quelques instants ! Ma renommée est assurée ! Prés à conter mes exploits ? »
« Bof… »
« Bof !?! » s’écria le Roi Rouge, étonné et ulcéré. « Personne ne peut s’opposer à moi et je règne en tyran sur un Empire sauvage ! »
« Ben…C’est justement un peu là qu’est le problème…Empire sauvage…Y’a que des cailloux et des arbres, ici…Rien d’intéressant. Et puis, pour quelqu’un de votre classe, soumettre quelques abrutis d’Orcs, c’est un peu facile et peu glorieux… »
« QUOI !?! Mais c’est toi qui m’avais dit… »
« Milles excuses, Ô Titan des Flammes…J’ai honteusement sous-estimé votre puissance. Un être tel que vous mérite d’entrer dans la légende grâce à des conquêtes bien plus valorisantes… » flagorna honteusement le mineur.
« Lesquelles ? »
« Le peuple des Humains, prestigieux et entêtés bâtisseurs, doté de farouches guerriers et de sagaces magiciens n’attends qu’un seigneur de votre trempe pour le guider d’une serre puissante…A moins que vous jugiez cette conquêtes trop difficile ou ennuyeuse… »
Kam savait qu’il jouait sur du velours : le fier Dragon Rouge à l’inextinguible soif de puissance et de gloire ne pourrait refuser pareille proposition.
On s’arrêtera un instant pour s’interroger sur Kam : n’était-il pas un vil manipulateur (ça, ne le nions pas…), traître à sa race et prêt à tout pour sauver ça peau ? Et bien…Attendons la fin du récit… Et n’oublions pas que les héros sont aussi des hommes comme les autres. Et que le concept d’ « humanité » ne servait qu’à définir tout ce que les Hommes (et les Nains, et les Orcs, les Elfes, toutes races sentientes, en fait) ne sont pas et espèrent seulement un jour devenir….
Le Dragon signifia sont accord et guidé par Kam, il trouva et conquis sans coups férir le village de Finplaine, après avoir copieusement scorifié la maison du Bourgmestre et de quelques nobliaux. Par manque de chance (ou calcul ?), Grérendhyrr, le Dragon Vert de maison, n’était pas là…
Kam, promut Grand Généralissime du Dragon, interdit aux villageois de le mentionner sous peine de se faire rôtir et déguster. De toute façon, le Dragon Vert alanguis par la civilisation ne pourrait rien contre son brutal confrère Rouge. Autant éviter des massacres inutiles (souvent appelés « dommages collatéraux » lors des duels draconiques).
Il s’attira moult inimitié de la part de la populace asservie…Pour un temps. Les choses se tassèrent ensuite : en effet, pour ces paysans et ces artisans, peu importe qui dirige. Les exigences monétaires du Dragon pour grossir son trésor n’avaient rien de différent des impôts seigneuriaux. Certains finirent même par dire que Kam les avait débarrassés de quelques gras parasites…
Le Dragon Rouge, poussé par Kam, ne resta pas inactif, agrandissant sans cesse son Empire en allant calciner quelques forteresses, incinérer quelques nobles et asservir des villages et même une ville où il s’installa, la « capitale » du maigre royaume tutélaire de Finplaine, obscure délimitation sans gloire, dont personne ne se souciait dans l’Alliance d’Elrond…Même si les rapports du seul espion du palais (un commis de cuisine à demi alcoolique, qui dut son salut lors de l’attaque du Dragon Rouge au fait qu’il cuvait dans la cave à vin…Comme quoi, on dit que l’alcool est néfaste, mais…) commencèrent à affoler les « vrais » dirigeants de ce monde. Dans les lointaines et glorieuses capitales de l’Alliance, Paladins, nobles Mages et Aventuriers renommés fourbissaient leurs armes (et aussi l’armée de l’Alliance, mais avec beaucoup moins d’entrain…).
Trônant dans les ruines d’un château hâtivement reconstruit par une populace très motivée par sa présence, le Dragon jouissait de la vue de son trésor conséquent et des compliments ampoulés de Kam et d’autres sycophantes (le pouvoir les attire comme la lumière attire les insectes nocturnes...Le Dragon en avait scorifié un paquet en même temps que leurs Maîtres, mais il en ressort toujours, là encore, comme les insectes).
« Ahaha ! » rugit le Roi Dragon Rouge, au comble de la joie. « Regarde les ramper, ces soit disant si pugnaces Humains ! Je suis désormais le Maître incontesté du royaume ! »
« Votre puissance est sans limite, mon Seigneur. On contera vos hauts faits et cette glorieuse conquête longtemps… »
« Kam, je n’aime pas le ton chagrin dans vos compliments… »
« C’est que, Noble Sire, un doute angoissant m’étreint…Je crains encore une fois d’avoir sous-estimé votre force titanesque et votre ardeur au combat…Je crains que les Humains n’aient finalement pas été à la hauteur de votre puissance… »
« QUOI !?! » tonna le Dragon Rouge en furie. Même si ce royaume avait été facile à conquérir, il avait tout de même senti quelques sorts et quelques coups d’arbalètes ou d’épées sur ses écailles, fruits des efforts désespérés de vaillants héros (ayant fait fis des clins d’œils et avertissements appuyés de Kam).
« En effet, je crains que les peuplades humaines soient un peu…jeunes…Pour s’opposer dignement à votre expérience et vos talents affinés par les millénaires…Leur organisation et leur magie sont si primitives que je crains que l’on ne vous prennent pas assez au sérieux dans les balades sur vos conquêtes…Je ne voudrais pas que mes conseils trop timorés vous fassent passer pour un lâche ou un incompétent qui attaque des enfants… »
« Diable ! C’est vrai que ça à été d’une désespérante facilité ! Je risque d’être la risée de ma Nuée… »
« C’est pourquoi je vous conseillerais de frapper un grand coup, pour marquer les esprits de votre splendeur martiale…J’ai ouie dire que vers le Sud s’étendait une forêt elfique, dont le peuple fier et ancien ne reconnaît aucun maître… »
« Je m’en vais châtier sur le champs ces mécréants imbus d’eux même ! Je leur ferai plier leurs cous graciles devant ma superbe ! Je raserai leurs tours magiques si anciennes et j’incinérerai leurs forêts millénaires ! Tous doivent plier devant moi ! »
« Bien dit, Ô mon Maître ! Votre victoire ne fait aucun doute sur ces misérables tapettes amateurs d’arbres, mais… »
« Qui y’a-t-il ? » gronda le Dragon. « Douterais-tu de ma puissance et de ma victoire ? »
« Non, Splendeur Rubis…C’est de moi dont je doute : je ne suis plus tout jeune et je crains pour ma santé. Pris dans la jouissance de la bataille et du sang, vous n’aurez guère le temps de vous souciez de moi comme jusqu’à présent…De plus, la fumée des arbres en flammes et les sortilèges elfiques seraient sûrement dommageable pour ma santé précaire… »
Le Dragon partit dans un éclat de rire sinistre.
« Tu crains pour ta vie, bouffon ? »
« Hélas oui, mon Maître…Je n’ai pas votre résistance et votre force…Aussi sollicitais-je humblement le fait de ne devoir vous y accompagner…Il faut de plus quelqu’un ici pour gérer l’Empire et préparer le festin et les fêtes pour votre glorieux retour conquérant… »
« Soit, reste donc ici, couard, le temps que j’aille brûler quelques bois elfiques ! »
« Voilà la carte, mon Seigneur… »
Et ainsi fut il fait. Suivant les instructions de son vil chambellan/vizir/troubadour/mineur/dragonslayer, le puissant Dragon Rouge s’élança dans l’azur à la recherche du plus proche royaume elfique…
On ne le revit plus jamais.
Plus tard, les armées de l’Alliance d’Elrond, suivies ou précédées par moult héros avides de gloire et de fortune débarquèrent dans la capitale de l’Empire Draconique déchut, prêt à bouter l’usurpateur, la Menace Saurienne Rouge hors du château et de réinstaller une bien traditionnelle monarchie…
Ils ne trouvèrent qu’une cité qui se reconstruisait doucement et des gens peu intéressés…Kam avait si bien tenu occupé le Dragon Rouge par de multiple conquête éparpillé dans la région qu’il n’avait fait que des dégâts minimes. De plus, peu de temps après, une généreuse fondation marchande annonçait qu’elle mettait en place une offre promotionnelle sur l’ensemble de la ligne de produit de soin dit « de la Vieille Marthe », ainsi que la possibilité de gagner des sort de Résurrection via un système de points de fidélité et de tirage au sort…Une partie des bénéfices serait versé à l’état pour réparer les dommages draconiques…
Ils trouvèrent également un petit mots, d’une écriture frustre, accroché négligemment sur le trône : « Salut, et désolé pour le dérangement… »
Retrouvons donc à Finplaine les responsables de ceci, devant un traditionnel banquet de victoire (mais à quatre).
« J’ai porté vos salutations, comme convenu, Kam. » annonça Grérendhyrr, en engloutissant un mouton rôtis. « J’ai un peu semé la panique, on ne m’attendait pas…Et l’Elue de Lathandre a été fort surprise de recevoir outre les miennes, les félicitations d’un humble mineur humain…Tu la connais ? »
« Point du tout ! » répondit Kam en se servant un verre de vin elfique. « J’ai juste vu l’affiche de proclamation publique avant de quitter Finplaine pour les montagnes…J’aurais aimé y aller, mais j’aurais été déplacé, là bas…Et c’est si loin… »
« Je ne crois pas, son mari est un drôle de bonhomme très ouvert… Et un homme d’affaire enthousiaste. On peut dire que grâce à toi, ma société va tripler ses revenus ! »
« Je me disais bien que tu n’avait pas trop renâclé à rembourser les dégâts causés par ton frère de race… »
« Pitié, pas ça ! Les Rouges sont des barbares vulgaires et violents, fort imbus d’eux même… »
Kam se retint de dire « Comme tout les Dragons… ».
« Maître…Où avez-vous envoyé le Dragon Rouge, exactement ? » demanda l’apprenti de Kam, occupé à transcrire (on n’ose utiliser le terme « écrire », les aventures de son patron, là encore fort enjolivées…).
Kam sourit et sortit du livre de son ascendant Tueur de Dragon une mince affiche qui avait été clouée par un cavalier de passage quelques temps auparavant.
On pouvait y lire : « La Maison Ytherill’Shanahell El-dunn Lutharynn, Troisième Famille Elfique de Nesharr et alliée inconditionnelle de la Noble et Fière Alliance Humaine d’Elrond est fière de vous annoncer et de vous convier à la célébration de la naissance de la Troisième Fille de la Noble Dame Sheelyrell, l’Elue de Lathandre. »
« Wouah ! Au Nesharr, le légendaire royaume elfique ?!? »
« Oui, et en pleine fête. Avec un beau rassemblement de personnalités diverses et leurs escortes, d’Archimages, d’Archiprêtres de Lathandre, dont une Elue, d’archers elfes d’élites, de combattants de l’Alliance d’Elrond. Il y avait même une Dragon d’Or, d’après Grérendhyrr… »
« Il s’en fait haché menu, le jeunot… » ricana le Dragon Vert, oubliant son âge à lui. « Ça nous a fait une belle distraction entre deux buffets… »
« Il a eut les yeux plus gros que le ventre… » annonça philosophiquement la vieille Marthe.
« Kam, qu’auriez-vous fait s’il avait décidé de s’arrêter dans ses conquêtes ? »
Le mineur réfléchit un moment en finissant un second verre de vin.
« Bah, Chambellan et troubadour d’un puissant Dragon, c’est pas un si sot métier… » ricana-t-il. « Et je savais qu’ils ne s’arrêterait pas : trop ambitieux. »
Il s’arrêta un instant, hésitant à ses resservir en nectar elfique.
« Vous savez, la conquête, c’est comme l’alcool…Un royaume, ça va, deux, ça va, mais trois, bonjours les dégâts ! » conclut-il.
III-) Kam et le Dragon Bleu.
Où c’est repartis et où l’on en apprend un peu plus sur les Mages…
Retrouvons une fois de plus notre preux héros (?) et ses fidèles baudets (et son apprenti, vous connaissez la chanson).
Kam était assez content de lui : la récolte avait été bonne. Il ne parlait bien évidemment pas d’éventuels honneurs et récompenses monétaires suite à ses récents exploits, mais bel et bien de bon minerai de fer durement extrait de sa mine…
En effet, Kam n’avait pas pour habitude d’exiger des émoluments. De plus, suite à ses précieux conseils, un Dragon Rouge s’était quand même un peu défoulé sur la région causant des ravages dans la noblesse et la bourgeoisie (de la à conclure que Kam avait symboliquement utilisé le Dragon Rouge comme symbole et arme pour propager le communisme, mouvement philosophique assez en vogue chez les travailleurs physiques…).
Kam avait donc sagement décidé de se faire un peu oublier en s’isolant dans les montagnes.
Las, son apprenti avait déjà commis l’irréparable en raison de sa vocation tardive pour les Arts Bardiques…La renommé du mineur qui avait soumis deux Dragons s’étendait à travers le royaume et au-delà. Heureusement, l’histoire qui se propageait n’était pas la version chanté (Kam le Grand Tueurs de Dragon, balade pour lyre, pipeau et tambourins. Auteur, compositeur et interprète : Yolym. Une représentation unique avait eu lieu à la taverne de Finplaine, et depuis l’ordre des Ménestrels, défenseurs de l’Art et du Bien, poursuivaient les malheureux artistes débutants pour crime contre l’humanité…).
Kam cheminait doucement, maugréant après les ânes (en incluant cette fois Yolym), se forçant à ignorer les ritournelles de son apprenti qui chantait à tue tête une nouvelle version enjolivé de ses exploits où il aurait terrassé le Dragon lors d’un duel dans une salle du trône, avec sa pioche enchanté (depuis quand ?) comme seule arme…
Kam lui aurait bien fait une démonstration de sa banale pioche, mais les jeunes motivé pour pelleter de la caillasse dans une mine et s’aventurer contre une solde de misère dans les Monts Crocsauvages se font rares de nos jours (ils préfèrent être aventuriers, et finir bouffés par un Dragon)…
Mais Kam était en fait un pacifiste convaincu (mais non pratiquant), aussi laissait-il braire Yolym. En plus, ça chassait les bêtes de leur chemin. Et avec le cuisant passage du Dragon Rouge dans ces Monts, il n’y avait guère à crainte des Gobelins et des Orcs…
Soudain, alors que tout était mortellement calme, trop calme (ce qui annonce, vous le savez tous, des problèmes imminents ou une belle journée d’ennui mortel…), l’air devant Kam se mit à miroiter.
Le mineur était assez instruit pour reconnaître là un signe de magie, aussi fit-il arrêter les bête à grand coup de pieds et de licols (nous vous laissons vous interrogez au sujet de Yolym, mais sachez qu’il l’a ferma…).
Un ovale bleuté se matérialisa devant eux, dans un bruit mêlant étrangement déchirure et succion.
Un demi vieillard apparut.
Comprenez par là un homme à demi enfoncé dans le sol et non un homme d’âge moyen.
« Merde ! » jura l’étrange inconnu. « J’ai encore louper ma Téléportation Sans Erreur ! » (Note de l’éditeur : on nous apprends que cette phrase serait copyrighté, malheureusement l’impression des ces textes étant déjà en court…On réduira le salaire du scribe).
« Jeune homme, pourriez-vous… » poursuivit-il, essayant de ne pas être trop géné et échouant lamentablement.
« Yolym ! Prends ta pelle et déterre monsieur le magicien… »
« C’est un magicien ? »
Kam eut un regard consterné.
« Longue barde de sage patriarche, petites lunettes en demi-lunes, chapeau pointu, en cape et en robe et surtout jaillissant de nulle part d’un cercle bleuté, oui, je crois que c’est un magicien… Et doucement avec cette pelle, c’est un vieil homme, pas un bout de cailloux ! »
Kam profita que son apprenti désenclavé le magicien pour l’observer plus en détail. Il avait déjà énuméré tous les signes distinctifs de la profession. Kam repéré bien vite l’habituel étui à pipe et tabac, jouxtant un étui à parchemin qui avait l’air fort peu remplis. Mais ceci n’était rien face aux habits du visiteur mystique : il portait une longue toge pourpre et une cape bleu roi parsemé d’étoile rougeâtre. Sur son chapeau gris s’ouvrait un œil verdâtre, serpentin.
« Qui êtes vous donc, magicien ? »
« Ah, c’est vrai, je ne me suis pas présenté…Ou avais-je donc la tête…Je suis l’honorable Zorwelf le Brulant d’Azur Constellé d’Or, serviteur de l’œil d’Emeraude qui Perce les Nuages du Temps. »
« Marrant, j’aurais presque pu deviner… »
Kam avait reconnu là un des titres ou plutôt un amas de titres comme les affectionnent les magiciens (un rien vaniteux, ses gens, hein ?).
Explicitons les un peu, pour le bien des lecteurs (et pour le bien de mon salaire)…
Brûlant (et la couleur de la robe de Zorwelf) nous apprend qu’il est un magicien spécialisé dans les sorts et enchantements de Feu. L’école Azur Constellé est une école de magie moyennement réputé et spécialisé essentiellement dans l’illusion, la voyance (certain disent pipeautage…) et la télékinésie. Par contre, les grades de ceux sortis de celle-ci sont un peu spéciaux, et classé de façon inverse à la valeur des métaux ils font référence. Ainsi, constellé de Platine est le garde de apprenti mage, comme la décidé le Grand Maître Hurlliff le Blanc Constellé de Fer Rouillé (extrait du discours de celui-ci : « Nous enseignons l’Illusion et vous devez savoir que tout ce qui brille n’est pas d’or… »). On peut en conclure que Zorwelf a un niveau plutôt médiocre…
Enfin, l’Ordre de l’œil qui Perce les Nuages du Temps est une secte de magiciens et de rôdeurs campagnard qui se pique de jouer les sentinelles… La couleur émeraude nous apprend que Zorwelf est chargé de surveiller les bestioles hostiles ou nocives aux champs…
Donc, en résumé, Zorwelf était un amuseur public, spécialisé en feu d’artifice et en illusions, qui a en outre (car il faut bien vivre entre deux fêtes…) pour mission de repérer d’éventuels fléaux pour les campagnes…
Bien que Kam ne soit pas au fait de ces subtilités, il avait déjà pas mal jaugé le personnage…
« Ah, moult merci, nobles héros… » commença le magicien.
« Ça va, ça va, qu’on en finissent ! » coupa Kam, d’assez mauvaise humeur. Car voyez-vous, ce genre de situation lui donnait (encore) la désagréable impression que le Gros Doigt Bien Lourd du Destin allait encore pesait sur lui…
« Et bien, cher chevalier défenseur de l’Ordre et du Bien, mon Seigneur m’a envoyé vous mander pour… »
« Pour occire un Dragon ? » proposa Kam, avec un sourire cynique et désespéré. Le genre « et merde, c’est encore pour ma pomme et j’y couperais pas… ».
« …Mais c’est tout à fait cela ! Les balades ont raison de vanter votre esprit brillant et incisif autant que votre force prodigieuse et votre courage sans faille… »
« Les balades vantent ça… » renifla Kam, dédaigneux, en lançant un regard assassin à son apprenti.
Celui-ci n’en menait pas large lui non plus. Jusqu’ici, la providence lui avait permis d’échapper au péril qui jalonnait la route de son Maître…Mais la chance ne durait jamais.
« Toujours est-il que j’ai été envoyé par mon Maître, l’honorable Borlom, Président de la Compagnie de Convoyage et Transport des Noirvals… »
Les Noirsvals sont des territoires à l’extrême ouest des Monts Crocsauvages. Il s’agit de plaines et de vallées extrêmement fertiles, l’un des endroits le plus peuplé et le plus riche de la région (enfin, tout est relatif…Disons qu’en comparaison avec Finplaine…).
Cette fertilité était du à la présence de coulées et cendres volcaniques qui avaient enrichi les sols. En effet, les monts Crocsauvages se terminaient par les Trois Griffes du Démon, une chaîne de volcans toujours actifs et perpétuellement noyée dans des brumes méphitiques et soufrées. Il faut mentionner aussi les fréquents tremblements de terre, les coulées de boue et les éruptions ou jaillissement de lave intermittents…
Bref, un endroit charmant qui serait désert sans l’appât du gain légendaire des Hommes, inventeur du « Qui ne tente rien n’a rien… »
« Et je suppose que votre seigneur voudrait que j’extermine quelque Dragon, moyennant récompense ? »
« Il m’a dit que vous pourriez avoir ce que vous voulez… »
« Génial. »
« Il a les moyen. »
« J’espère…Ne serait-ce que pour payer la résurrection… »
« Pardon ? »
« Laissez tomber et conduisez nous plutôt…Inutile de lutter contre le destin. C’est comme les impôts… »
« On va y aller comment, maître ? » intervint Yolym, peu enclin à participer à l’aventure. « C’est à des kilomètres… »
« Le Président m’a donné les moyens ! » déclara le Mage en déroulant un parchemin couvert de signes cabalistiques bleutés pulsatiles. Un parchemin magique.
Et avant que nos héros aient le tant de dire quoi que ce soit, le Mage lut l’incantation et ils se retrouvèrent emporter par une tornade magique.
Où l’on découvre qu’avoir un fils Paladin et de riches caravanes peut conduire à pas mal d’ennuis…
« Waaahhhh !! »
« Aïe…Et merde, je l’ai encore raté… »
« Ô Dieux, N’importe lequel, je veux pas mourir si jeune… »
« Arrête de prier, Yolym, on est arrivé…Une chance qu’il y avait de la paille dans cette grange… »
Kam lança un regard furibond au Mage de campagne. Il faut dire que peut de gens aiment être quasiment enlevé contre leur grés par magie puis passer au travers une toiture.
Comment peut-on louper un sort consigner dans un parchemin ? Kam décida de ne pas compter sur le magicien pour rentrer chez lui (déjà qu’au départ il avait une opinion au mieux mitigée du praticien des arts occultes…).
« Bon, puisqu’on est là…Conduisez moi à votre chef ! »
« Tout de suite, Sieur Kam… »
Ils sortirent de la grange, l’une des innombrable de la région, mais qui par chance appartenait au Président Borlom. Comme quoi, ce Mage ne s’était pas trop vautré…
Le vieux sorcier les amena en haut d’une tour de pierre qui surplombait la ville (enfin, on pourrait également parler de conglomérats de relais pour caravanes et entrepôts de stockage).
Un petit homme grassouillet (ils le sont tous, une fois riche, c’est archétypique), vêtus de somptueux vêtements et entouré d’une nuée de sycophantes, assistants, secrétaires et autres gratte-papiers placés là par népotisme.
Il paraissait nerveux, épiant la route sinuant dans la vallée avec une longue vue.
« Allez, allez, plus vite ! » murmurait-il en grinçant des dents.
« Seigneur Borlom ? » demanda Kam.
« Ah ! Le Dragonslayer ! C’est le ciel qui vous envois ! »
« Plutôt la convocation rapide de votre mage et un cruel destin…Oserais-je demander se que je puis pour vous ? »
« ALERTE ! Il est là ! » beugla soudain un garde. Comme s’il attendait la question de Kam. Le Destin adore ce genre de coïncidence usée jusqu’à la corde…
Une flèche couleur lapis-lazuli traversa le ciel de la cité en vibrant, tel un trait décoché par un Maître-Archer Elfe.
Une très très grosse flèche, écailleuses et garnis de crocs, de dents et d’appendices métalloïdes tranchants, d’une queue et de deux paires d’ailes rendus flous par la vitesse de leur battement.
Un Dragon Bleu.
« Ah, je vois… » eut le temps de commenter Kam, flegmatique.
Fendant l’azur à une vitesse inimaginable, le lézard volant fondit sur les caravanes qui se hâtaient sur le chemin pour rejoindre la cité.
Il les dépassa comme si elles étaient à l’arrêt, virevoltant, pirouettant autour, semblant se moquer de ces escargots terrestres.
Puis, las de ces acrobaties aériennes, il soufflait de temps en temps une langue étincelante d’énergie électrique, réduisant en copeaux fumant chariots et équipages.
« Il joue avec comme un chat joue avec des souris…Des souris impotentes. » commenta Kam.
« Kortym ! Non ! » hurla soudain le Maître Marchand à coté de lui.
Kam put voir un cavalier sortir en trompe de la cité.
Une monture blanche, caparaçonnée de façon rutilante pour la guerre. Un jeune homme en armure de plaque soigneusement lustré, chargeant lance au poing au mépris du danger.
Un crétin qui se jetait stupidement à l’assaut d’un Dragon Bleu sans même se rendre compte qu’il ne le toucherait jamais…Un Paladin, quoi.
Il n’y eut même pas de combat.
Le Dragon Bleu voletait à toute allure, enchaînant loopings et tonneaux, apparemment au hasard, juste pour l’art et les sensations. Par pure malchance, l’un deux l’amena quelques secondes au dessus du Paladin surpris. Il lui dédia un coup de griffe nonchalant qui le coupa en deux, monture comprise, puis il disparut dans les nuages…
« Mon fils ! Prêtres ! Vite ! Allez sauver mon fils ! » rugit Borlom, paniqué. « Double salaire plus prime de risque exempté d’impôts à qui le sauvera ! »
Ce fut la ruée... Visiblement, le Maître Marchand était bien entouré et fort prévoyant.
« Je suppose que vous comprenez ma situation… » affirma le marchand. « Ce Dragon Bleu récemment apparu est un fléaux qui s’amuse à détruire mes précieuses caravanes. C’est pire qu’un blocus et… »
« Je comprends. Ceci porte atteinte à vos affaires… »
« Bah, ça serait pas si grave. Des assurances existent… »
« Allez dire ça aux pauvre gars qui convoient vos marchandises. »
« Euh…Oui… Mais il y a un autre problème : mon fils et sa folle détermination à devenir Paladin. Pour lui, un Dragon, c’est comme un chiffon rouge pour un taureau…Il est incapable d’y resister ! »
« En fait, j’ai lu que pour le rouge ce serait une légende. Le taureau serait plus attiré par les mouvements du chiffon… »
« Là n’est pas la question ! Il faut que vous occissiez ce Dragon et empêchez mon fils de me ruiner en sortilèges de Soin et de Résurrection ! »
Kam réfléchit, laissant son regard se perdre sur la ville, sur les montagnes et sur les volcans embrumés qu’on devinait au loin. Ce fut long et un vrai supplice pour Yolym et le riche marchand.
« Vous aurez tout ce que vous voudrez… » renchérit le commerçant.
« Oh, la récompense, je m’en fiche un peu… » maugréa Kam. « Contre les Dragon, rien ne vaut le risque qu’on prend…Mais bon j’accepte. Il serait dommage que la future génération de défenseur du Bien se fasse boulotter comme ça… »
Kam insista pour avoir un plan de la région et pour parcourir la ville.
« Vous avez déjà un plan en tête, Maître ? » demanda prudemment Yolym alors que Kam escaladait, allez savoir pourquoi, un grillage menant à un terrain vague où jouait quelques gosses.
« Ça se pourrait…Je vois que tu apprends : je n’ai nullement l’intention d’aller combattre le Dragon. Mais il faudra attendre sa prochaine attaque. Et il faut que je lui parle… »
Yolym soupira. Il se doutait que son Maître avait encore une idée tordu…Et il lui faudrait sans doute faire fasse à un Dragon… Lui-même avait été envoyé chez des tisserandes (elfes et mignonnes, sûrement des compagnes des archer engagé par Borlom et la ville. Les commandes de Kam, fines étoffes et cordages elfiques, les avaient étonnées mais elles s’étaient exécutées).
Kam discuta un long moment avec les gosses, les soudoyant avec l’argent du Président Borlom afin qu’il exécute quelque secrète besogne.
« Que leur avait vous demander, Maître ? Qu’est-ce que ces gosses pourraient faire contre un dragon ? »
« Nous préparer un petit jeu… » répondit énigmatiquement Kam. « Donne leurs les cordes et les tissus que je t’es envoyé chercher… »
Yolym obéit, heureux de se débarasser de son fardeau (certes l’artisanat elfique était léger, mais Kam en avait exigé une énorme quantité).Yolym s’interrogea une fois de plus sur le plan (s’il y en avait un , mais ayons confiance) de son Maître. Comme beaucoup (tous) de détectives et héros intellectuels de roman, son Maître ne révélerait ses secrets et ses plans qu’en fin d’histoire (ficelle classique pour obliger le lecteur à rester jusqu’à la fin)…
Plus tard, il réclama un pourpoint et des habits d’une cherté qui fit défaillir Yolym.
Celui-ci se retrouva également vêtu en riche page (rien que la revente de ces vêtements allait lui assurer une copieuse retraite…Si le Dragon ne le manger pas avant).
Ensuite, Kam se rendit au sommet de la plus haute tour du village et attendis, avec Yolym et un archer elfe recruté pour l’occasion (il en traînait plein en ville, attirés par les offres plus que généreuse de Borlom...Sage, ils ne se risquaient pas à défier le Dragon, mais ils le maintenaient hors de la ville…).
Ce ne fut pas long. Un vrombissement nul autre pareille déchira le ciel et le Dragon de saphir fondit sur les caravanes marchandes qui entraient et sortaient du village (l’appât du gain poussent beaucoup de monde à l’obstination et au suicide…).
Le fils de Borlom, fraîchement ressuscité, s’élança courageusement (ou stupidement) à l’assaut de la Bête.
« C’est ça stratégie habituelle ? Je parle du Dragon… » demanda Kam.
« Oui. Enfin, si on peut parler de stratégie. »
« Toujours à la même hauteur ? »
« Oui, pour rester hors de portée des flèches… »
Ça confirmer les pensées de Kam et les informations du livre de Dragonslaying familial.
Il faut savoir que les Dragon Bleu dispose du souffle ayant la plus longue portée. Un véritable éclair de puissance qui s’abat du haut des cieux. D’où quelques accusations de lâcheté de la part de leurs congénères d’une autre couleur…Ce spécimen semblait en avoir cure…
Le Dragon avait fini de transformer en copeaux fumants les caravanes. Vous remarquerez sans doute que Kam, plongé dans son analyse tactique, ne semblait en avoir cure…C’était un pue ça…Le mineur n’avait pas l’appat du gain propre à ses semblables, aussi ils considérait que prendre des risques pour quelque argent était un peu stupide et qu’en fait, ils méritaient un peu leur sort…Un peu. Leur patron, beaucoup.
Soudain, le Dragon repéra le Paladin qui chargeait (faut dire que c’est pas discret, cette armure rutilante et ces fanions…). Le Dragon d’azur s’élança à une vitesse faramineuse, se fendant également d’un tonneau pour se mettre en position d’assaut.
La suite était prévisible : vue la vitesse du sauriens fendant les cieux, le Paladin serait occis sans même savoir ce qui lui arrivait…
« Allez-y, clouez-le. » ordonna Kam.
« Bien messire, j’espère que vous savez ce que vous faîtes… »
L’elfe encocha une flèche et promptement la tira en direction du Paladin. Le tir fut parfait et le chevalier de l’Ordre et de la Loi chut lourdement à terre puis fut cloué au sol par les tirs suivant.
Le Dragon sembla fort perturbé et ralentit un instant…Puis il négligea le preux chevalier divin et poursuivit à toute allure ses frasques aériennes et ses actes de destructions aléatoires.
Kam sourit. Ça se confirmait…
Kam porta à ses lèvres un lourd porte-voix emprunté au crieur public.
« DRAGON ! Vous êtes mandé au sommet de la plus haute tour ! Obéissez, ou il vous en cuira ! » hurla Kam.
« … » émit (ou non) Yolym, tétanisé. Son Maître ne le prévenait jamais de ses plans, s’était mauvais pour son cœur.
« Bon, j’ai touché mes émoluments et remplis ma part du marché… Au revoir messire ! » chanta joyeusement (et précipitamment) l’elfe avant de déguerpir avec toute la grâce et l’agilité de sa race (plus la vitesse commune des lâches de toutes races…).
Quand au Dragon, il entendit bel et bien le défi. Etonné par l’impudence de celui-ci, il décida de s’approcher.
Mais il était prudent. Il s’agissait peut être d’un piège pour le larder de flèches.
Il fit une nouvelle démonstration de sa vitesse prodigieuse, se changeant en éclair bleu flou avant de se poser en un instant au sommet de la tour. Yolym lutta contre l’évanouissement et, miracle, réussit à tenir sur ses jambes (par contre, il allait falloir qu’il change vite de pantalon…). Sans doute la force de l’habitude, il en était à son troisième Dragon, bien plus que la plupart des aventuriers…
Kam, comme à son habitude, resta impassible, nullement inquiet de finir foudroyé par le souffle électrique de la Bête.
« Un frimeur… » pensa Kam. « Comme prévus. Adolescent, d’après les cornes et la taille. »
« Mortels, comment osez-vous me donner des ordres ? Vous allez périr sur le champ ! »
« Un instant… » coupa Kam. Il déroula un parchemin ornée d’armoiries (ça lui avait pris tout le reste de l’après-midi et avait coûté pas mal de pièce d’or à Messire Borlom auprés d’un scribe professionnel).
Sous le regard stupéfait du Dragon, il lut le parchemin d’une voix ferme et très officielle.
« Sire Dragon Bleu au nom encore inconnu, je vous informe que vous êtes sur mes terres et que vos actes inconsidéré de destructions et vos démonstration sotte de pouvoir nuisent à mes plan et à mes gens. Ce n’est point ainsi que vous ferrez vos preuves dans le monde des Dragons. J’ai connus moins même un jeune temps d’insouciance et de cruauté gratuite, mais cela ne m’a apporté ni gloire, ni prospérité. Aussi je vous prierais de vous en aller ou d’accepter un défis honorable afin de déterminer auxquels de nous deux revient la gestion de ce royaume. Veuillez agrée mes plus sincère salutations distingué, signé Thurwaerlk, Dragon Noir des Griffes du Démons. P.S : Veuillez transmettre votre réponse via mes sbires humains. Veuillez à les traiter avec égards. Ils ont ma pleine confiance et connaisse les tenant et les aboutissements de cette malheureuse affaire… »
« Hein ? »
Kam lança un regard désespéré à son apprenti chancelant.
« Ah, s’il parle pas la langue humaine, on va pas aller loin…Et dire que les semblables du Maître sont sensés être intelligent…Hmmm, voyons voir, mon draconique est un peu rouillé… »
« Je parle parfaitement votre langue, impudent mortel ! » rugit le Dragon Bleu.
« Ah ! Alors, qu’est-ce que vous n’avez pas compris ? Le message du Maître est pourtant clair et explicite… »
« Ce que vous avez dit est parfaitement ridicule ! Je sais ce territoire vierge de présence dragonique ! Il est maintenant mon fief ! »
« Ah…Ce serait alors une erreur administrative du Conseil des Dragons… »
Conseil que Kam n’avait pas inventé mais que peu connaissait. Ses discutions avec Grérendhyrr avaient été profitable…N’allait pas imaginé une trahison du Dragon Vert. Il s’agissait d’information certes publiques, mais que peu pensait à demander à un Dragon. Généralement, à un Dragon on demandait soit de se rendre (si on est Paladin et très fort), soit de vous épargner (quasiment tout le restes des gens)…
« Voyez-vous, notre Maître, le puissant et ancien Thurwaerlk, est le suzerain de la région depuis quelques millénaires…Mais c’est un grand solitaire et il ne se mêle pas des activités des inférieurs…Il est bien trop occupé. C’est donc nous, ses serviteurs, qui somment chargé des relations avec le reste du monde et qui vaillent à la bonne marche de son royaume…Le Conseil l’a peut être cru mort…Le Maître à tendance à négliger ses devoirs envers sa propre espèce… »
« C’est…C’est impossible ! »
« Oh, je sais, vous les jeunes, vous remarquez encore le passage du temps. Mais songé à un noble et vieil ancien. On oubli les tracas administratif, on est plongé dans des études approfondis dont on ne peut se passer…On s’abstient aux réunions et aux votes, puis on y va même plus…Et crac, on vous croit mort et on réattribue vos terres…Si c’est pas malheureux, la bureaucratie ! »
« Il y aurait donc un autre Dragon sur ces terres ? »
« Ah, vous avez la comprenette rapide, vous… »
« Mais je n’en ai jamais entendu parler ! »
« Houlà…Si le Maître vous entendez ! Lui le Grand Conquérant Thurwaerlk ! Le Saphir Noir des Guerres Elfique de Pas d’Issy ! Le Tombeur de la Citadelle de Montcailloux, le Destructeur Sombre de Touklapser, la Dracoliche ! L’Exterminateur des Hommes-Poireaux ! »
« Jamais entendus parler… »
« Ah, les jeunes…Décidément l’enseignement de l’Histoire et des Hauts Faits Draconiques se perd…Toujours est-il que mon Maître a lui entendu parler de vous. Vous n’avez pas été fort discret, hein ? Ah, folle jeunesse… »
« Et bien…Soit ! » déclara le Dragon Bleu après une longue pause de réflexion (pas trop longue, les Dragon Bleu sont parmi les plus vifs et intrépide…A² l’inverse de certain Dragon d’Or ou Dragon Blanc, qui ne prennent une décision que tout les deux ou trois cents ans…).
« Cette région est trop petite pour deux Dragons et elle m’a été attribué de plein droit ! Je défendrais mon honneur et ma possession ! Indiquez moi l’antre de votre Maître, que je le terrasse sans délais ! »
Kam lança un long regard chagrin au Dragon. Yolym défaillit : il était sûr que le plan de son Maître venait d’échouer : le saurien volant n’avait pas l’air d’être effrayer par ce prétendu Dragon Noir.
« Qu’a le jeune humain ? »
« Oh, c’est mon futur successeur auprès du Maître… » répondit Kam d’un ton banal. « Vous savez ce que c’est : pour garantir la sécurité et la fidélité, on les élève avec l’idée que le Maître est Dieu… Vous entendre le défier ouvertement lui a porté un rude coup au cœur… »
« Quelle inquiétude pour son patron ! Ça force presque l’admiration. Vous en revanche… »
« Oh, en vieillissant, on prend du recul. On reste loyal mais on devient moins émotifs au bout du cinquantième Paladin qui se fait bouffer par votre Maître…Ah, au fait, je crains de ne pouvoir accepter à votre requête pour le moment… »
« Quoi !?! Votre soit disant Maître serait-il un lâche ? »
« Oh, non…Mais c’est un vieux Dragon fort occupé. Il n’aime pas être dérangé pour des broutille…Il m’a demandé, en cas de défi relevé, de vous faire passer quelques épreuves ! »
« C’est indigne ! »
« Peut être, mais il a un agenda chargé…Complot plurimillénaire, études magiques, tout ça… Il ne va pas accepter un combat contre un amateur indigne de lui, non ? Ça vous offre en plus l’occasion de vous retirer si la peur devient trop grande…Bon, il y a la honte, mais… »
« Je n’ai jamais peur ! Allez-y, faîtes moi passer vos misérables épreuves… »
Kam passa donc une semaine à faire passer des tests au Dragon, tandis qu’il mettait d’un de ses plans sournois en marche. Epreuve de vitesse (livraison chronométré de paquet entre divers villages), vol d’endurance, test de résistance (le Dragon encaissa l’assaut sauvage d’une horde de jeune humain qui l’assaillirent à coup de lance pierre. Il fut très digne dans l’épreuve). « Ceci n’aura donc jamais de fin ? » fini par se plaindre le Dragon Bleu. Les villageois, eux, ne se plaignaient pas. Leur ancien tourmenteur s’était en fait révélé for utile. Et en plus, il attirait les touristes (oui, il y avait des touristes dans ce coin perdu. Les riches inconscient et oisif doivent avoir une sorte de sixième sens pour détecter ce genre de nouvelle attraction).
Les villageois auraient bien voulu embaucher le Dragon, si rentable pour les livraison, mais le caractère ombrageux et fier du Dragon Bleu coupait court o toute transaction (au sens propre : se sentant insulté, considéré comme une bête de somme, il tranchait en dès menu ses ex-futur-employeurs…). Kam savait qu’il allait devoir faire vite. Mais son plan était prêt. « Plus qu’une épreuve pour savoir si vous êtes dignes du Maître… » répondit-il à l’écailleux. « Vous vous en êtes brillamment sortis, pour le moment… » Un peu de flatterie ne faisait jamais de mal, avec les Dragons. « Evidement. » « Plus que le tir sur cible… » « Ça me dérouillera un peu ! » s’enthousiasma le saurien de saphir. « Et ça prouvera la supériorité de mon souffle sur celui de votre pseudo-Maitre ! » Oui, comme la longueur de la…pour les hommes, la puissance du souffle était sujet à vantardise chez les Dragons.
Des cibles fixes ou mobiles furent mise en place. Dans la ville. Les taverniers et vendeurs de sucrerie ou de repas rapides et transportable sourirent, anticipant une fructueuse journée. Le Paladin Kortym fourbissait ses armes et servirait, au dire de tous et au mécontentement de son père, de cible bonus. Le Dragon s’élança dans les ciels sous les clameurs enthousiastes du public (du pain et des jeux…Et dire qu’il acclamait le destructeurs qui avait endeuillé leur famille et faillit ruiner la cité…). En un rien de temps, il décima les cibles mobiles (dont le Paladin bonus). Il s’attaqua ensuite au cible inerte, en de long passage. Ses tirs furent impeccables. Faut dire qu’avec la puissance qu’il y mit, on ne pouvait guère raté grand-chose… Un gong retentit et un juge-arbitre au service de Kam (et de l’inévitable assemblée de parieur) mesura le temps mis à l’aide d’une clepsydre.
« Hum…Un score honorable… » marmonna Kam alors que le Dragon Bleu se posait nonchalamment. « Vous êtes qualifié. Mais de justesse : vous avez un peu traîné pour éliminer les cibles immobiles… » « J’ai voulu faire ça bien ! » se rengorgea le Dragon. « Et vous avez vu avec quelle maestria j’ai oblitéré les cibles mouvantes ? » « Oui, ce fut du grand art. Je dirais que vous avez presque vos chances contre le Maître… » « Alors qu’attendons-nous ? J’ai envie de ce pas d’aller incinérer votre lâche seigneur qui m’a imposé tant d’épreuves stupides. » « Vous vous êtes amusé comme un fou. La preuve, cette vrille d’apparat lors de… » « Même pas vrai ! » coupa le Dragon.
« En tout cas, il va nous falloir une semaine pour que le Maître puisse vous accorder audience et mettent au point un défi convenable… » « Tout ça !?! » « Que voulez-vous…Avec l’age, on aime prendre son temps. Et puis, il faut pouvoir arrêter convenablement les expériences alchimique et… » « Ça va, ça va… » « Vous avez donc quartier libre. » La foule recula soudain, morte de peur quand Kam relâcha le Dragon. Allait-il se remettre à dévaster la ville et les caravanes. Kam s’en fichait un peu : si ces gens ne pouvait pas apprendre, tant pis pour eux… Mais le saurien azuré ne repris pas ses assauts. Malgré ses dénégations, il avait pris goût aux jeux de Kam… Mais ce n’était qu’une question de temps avant qu’il s’en lasse.
Où l’on va s’enfumer dans des endroits louches et où l’on apprend que la traîtrise triomphe toujours…
« Tout est paré. Le Maître nous a transmit le signal. » déclara finalement Kam, un matin pluvieux. « Pas trop tôt ! Où est-il ? » « Il nous attends sur les lieux du défis, la gorge de la Gueule du Démon. » Pour les amateur de géographie, nous préciserons qu’il s’agissait d’un canyon encaissait, parsemé de dent minérale en verre volcanique, et perpétuellement noyé sous des flots de nuage blanc souffré, assurant une mort lente et déplaisante aux infortunés qui osaient y pénétrer. Au bout de la gorge se trouvé une pente raide, infertile et couverte de pierre ponce pénible à gravir, montant vers le brumeux cratère du Mont Puant, un des trois volcan de la Griffe du Démon. Ai-je mentionné le lac d’acide au centre ? En bref, c’était absolument inhospitalier et parfait pour l’antre d’un Dragon. Quelle bande de masochiste, quand même, ces bestioles ! Et ne parlons pas des idiots d’aventuriers qui cherchent à les déloger pour voler un peu (ou plutôt beaucoup beaucoup) d’or…
« Nous ? » demanda le Dragon. « Parce que je dois vous y amener, en plus. Et avec tout ce barda ? » « Bien sûr. Comment trouverez vous le Maîtres dans toutes ces brumes ? Comment rentrerions-nous vite sans vous ? Et songer que si vous défaites notre Seigneur Noir, nous passerons automatiquement à votre service, pour votre plus grand plaisir… » « Oui…admettons... » maugréa le Dragon Bleu, peu convaincus. « Mais pourquoi tant de bagages ? Et que font ces deux larves humaines. » Les larves en question n’étaient autres que Thÿ et Lhoupaing, négligemment assis ou couché à coté des bagages encombrants, transbahutés (les bagages, pas les mômes) par Yolym. « Il faudra bien des témoins, pour attester de la fin du duel. Moi et Yolym ne sommes pas impartiaux et comme on le dit si bien, la vérité sort de la bouche des enfants… »
Le Dragon dédia un regard soupçonneux à Kam, qui afficha son plus humble sourire contrit. « Et le plus grand des enfants, là, le noir…Pourquoi il dors… » « Il était un peu nerveux à l’idée de voler sur le dos de votre Glorieuse Splendeur. Vous allez fort vite, vous savez, et l’humain est lâche et attaché à sa terre… » « Et l’autre, pourquoi il gigote et exulte comme ça ? » « Lui est ravis de vous servir au mieux et exulte de joie à l’idée de vous voir fendre le firmament… » « Bizarre, ces humains. Quelle ambivalence ! Bon, montez à bord, on va pas y passer la journée… » Ainsi fut-il fait. L’équipage composé d’un Kam plongé dans ses pensées, d’un gamin exultant, d’un autre endormi et d’un Yolym proche du coma s’élança à toute vitesse dans le ciel.
Ils se posèrent avec précaution dans la vallée volcanique au bord déchiqueté. De lourds panaches de vapeur blanchâtre et méphitique dissimulé traîtreusement des éperons rocheux ou cristallin d’un noir mat. « Super endroit… » maugréa Kam en s’appliquant un chiffon humide sur le visage. Même à travers, l’endroit pué le souffre et ses yeux le brûlaient. « Fort revigorant, en effet. Digne de la trempe d’un Dragon Noir. Ils se complaisent dans ses atmosphères glauque et puante. Nous autres, civilisés, préférons les cieux purs. »
Kam ne pouvait qu’approuver le Dragon. Ça lui faisait presque de la peine de l’occire… « Déchargé tout ça, les enfants et monté notre…camp. » ordonna Kam. « Un quoi ? » « Un abris temporaire, le temps que j’aille quérir le Maître… » Et Kam disparut dans les brumes, accompagné des enfants. « Chouette journée, hein… » déclara nerveusement Yolym, désormais seul avec le gigantesque reptile lapis-lazuli.
« Le Maître est prêt et à définit les conditions du défi… » annonça Kam, une demi-heure plus tard, en immergeant de la brume, seul. « Pas trop tôt. Vais-je enfin le rencontrer. » « Bien évidement, mais pas tout de suite. Laissé moi vous expliquez les modalités du défi… » « quoi ? » « Il va s’agir d’une course. Vous êtes un Dragon Bleu, l’espèce sensément la plus rapide d’Aërth. Mais le Maître a sa fierté et il estime qu’il pourra vous battre à la course. » « Ridicule ! »
« Le premier arrivé au bout de la vallée volcanique gagne. La violence est interdite, mais la magie est autorisée. Cela vous convient-il ? » « Votre Maître a perdu la raison ! Je vais lui montrer la puissance des Dragon Bleu ! Nul ne bats à la course les Maîtres des Eclairs ! » « Il va même vous laisser un peu d’avance… » « Quoi ! C’est un outrage ! Il rampera devant moi une fois que je l’aurais humilié ! Sa fierté trop grande va le perdre ! Je vais lui montrer, moi… » Le Dragon Bleu furibard s’envola, faisant vibrer sa double paire d’aile, si vite qu’elles en devinrent invisible. Il été visiblement fort remonté.
« Attention à Yolym, sous vous pattes ! » hurla Kam en se précipitant derrière le dragon. « Ah, mais qu’avez-vous fait de mon apprenti ! Vous ne pouviez attendre le signal du départ ? » « Il s’était évanoui avant… » Kam, portant son apprenti (et déroulant autre chose…), s’éloigna du départ et monta sur un piton rocheux pour donner le signal du début de la course. Les enfants était de retour et encouragé le Dragon Bleu avec exultation. Sur l’ordre de Kam, il s’élança, à une vitesse inouïe, fonçant dans le brouillard écœurant.
« Ridicule… » pensa le Dragon en fendant l’air empesé de vapeur. « Si ça se trouve, ce prétendut Maître n’existe même pas… Je reviendrais les châtier une fois cette vallée franchit. » Comme quoi, certains Dragon ne sont pas si bête… Mais le Dragon d’azur sentit soudain un tiraillement. Quelque-chose le suivait ! Il tourna briévement la tête, négligeant la pénétration aérodynamique au profil de l’information. Une gigantesque forme noirâtre émergeant à peine du brouillard le talonnait ! Le Maître ! « Finalement, le défi existe bel et bien. Montrons à cette vieille baderne noire la vitesse légendaire des Dragons Bleus ! » Il accéléra, zigzagua, enchaîna les figures parfaites dans le canyon méphitique. Il était plus rapide que le vent, plus rapide que la plus parfaite des flèches. Pourtant, il sentait encore une présence. Il se retourna à nouveau. L’ombre du Maître était toujours là, le suivant à la perfection, enchaînant comme lui les figures aériennes les plus ardus pour éviter les éperons rocheux et les dents de verre noir qui parsemait la vallée. Il faisait même mieux que lui, réalisant looping et vrille improbable avec une incroyable souplesse.
« Quelle magie est donc à l’œuvre ! » rugit le Dragon Bleu en accélérant en fond, se changeant en éclair flou. Il fit appel à sa sorcellerie, multipliant la puissance de ses muscles, de ses ailes, altérant l’air pour diminuer les frottements… Rien n’y fit, le Maître était toujours là ! « Accroche toi, vieux fou ! Les acrobaties vont commencer ! » gronda-t-il, au comble de la colère, blessé dans son orgueil de Maître des Airs. Il accéléra encore au milieu des brumes.
« Il tient vachement longtemps… » murmura un des gosses.
« Et si il y arrivait ? »
« Ce n’est qu’une question de temps. » affirma tranquillement Kam en escaladant un piton pour se mettre hors de porté des gaz toxiques avec les autres.
« Voilà la caravane…On va pouvoir rentrer. Pile à l’heure, comme vous l’avez demandé… » l’informa Yolym qui cessa de trembler. « Le Dragon Bleu est vraiment mort ? » demanda Lhoupaing. « C’est un peu dommage… » « Oh, je pense qu’il est mort. Heurter un trucs à cette vitesse…Quelle imprudence de voler dans le brouillard, un jour nuageux comme celui-ci ! Et même s’il avait survécu, il serait tellement blessé qu’il périrait dans cette vallée inhospitalière et empoisonnée… » « C’est cruel. » « On est des humains. Il faut bien que les Drag’ se mettent en tête que c’est nous la panacée de la vilenie… »
« Je croyais que les Dragons avait une excellente vision… » s’informa Yolym. « Comment a-t-il donc bien pu être trompé par un banal cerf-volant ? » « Un super grand cerf-volant ! » se rengorgèrent les gamins. « Et bien, vois-tu, Yolym, comme l’indique le livre de mes ancètres et les petites expériences que je lui ai fais faire, les Dragons Bleus ont une vue d’aigle. De loin. Ils repèrent bien vite les mouvements, surtout à distance. Mais immobile sous leur nez, ils ont sacrément du mal ! Ajoute le brouillard, la faible luminosité, la colère, les gaz toxiques qui piquent aux yeux… » « Un plan osé. » « Certes. Il fut vaincu par l’ombre de son orgueil… Au fait, bravo pour ton rôle : tu t’es évanouis au bon moment, j’ai pu sans mal attaché la corde elfique à un appendice osseux. Il n’a rien remarqué. »
« Je ne m’étais pas évanouis exprès… » « Ah bon…Bah, tu changeras ce détails dans la balade que tu va inévitablement nous pondre. C’est ta chance d’entrer dans la légende ! » « Hum…Je crois que je vais m’abstenir…Je ne voudrais pas que des gens me prennent pour un DragonSlayer et m’envois occire d’autres monstres. On ne joue pas avec la chance… » « Ah ! Parfait ! Tu apprends… » « Je vous ferais porter tout le crédit. » « Ah merde ! »
—Fin des Aventures Epiques (?) de Kam le Dragonslayer multiclassé mineur !
Notez bien que ce troisièmes épisodes regorge de fautes et de tournures de phrases absconses : il n’a pas été soumis à correction...
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