Chapitre 5 : Rencontres au sommet et départ vers l’aventure.

(Errare Humanum Est...? - Heroïc-Fantasy - 11/11/2002)

"Mais qu’est-ce que c’est que ce bordel !"
"Mon commandant ! Paladine Ysandre Sombreterre, lieutenant de L’Ordre du Point Sauveur au rapport !"
"Repos. Alors c’est quoi cette apocalypse dans ma bonne ville ?"
"Voilà, mon commandant : les trois étrangers ici présents ont été lâchement agressés par une bande de malandrins non identifiés... Mais ils se sont défendus. Et comme certains d’entre eux maîtrisent la magie..."
"Cela a fini en ruine et en carnage... Manquant de démolir et de brûler la ville !" Le Commandant de la garde d’Hillend se dirigea alors vers Lelfe, Groumpf et Derym, encadrés par de nombreux gardes. Le groupe regardait avec effarement les Aquamages de la ville éteindre le début d’incendie.
"Alors c’est vous les responsables de ce merdier ?" Sagement, Derym laissa Lelfe s’expliquer, lui se sentait un peu vaseux après cette agression... Il avait versé le sang de ses semblables... Et curieusement, au coeur du combat, il avait ressentit un mélange d’excitation et de peur, pas forcement désagréable.
"Je suis une brute..." se lamenta-t-il en entendant le récit du combat que faisait son ami le Barde. Lui au moins, semblait prendre la situation plutôt bien... Etait-il insensible ? Soudain une main gigantesque couverte de cicatrices toutes fraîches s’abattit sur son épaule.
"Toi bien battu !!" dit Groumpf "Bonne baston ! Danger ! Action ! Combat... ça bonne vie de ’venturier ! Et pas t’en faire pour morts ! Eux mauvais ! Eux avec Dieux maintenant !"

En voyant le géant tenter maladroitement de le réconforter, Derym reprit confiance et traça un trait sur le massacre. Il assumerait ses responsabilités !
"Excusez-moi, Commandant..." demanda timidement le jeune homme. _ "Puis-je aider vos prêtres pour soigner nos agresseurs ? Je suis Druide et j’ai quelques compétences de guérison." Le chef de la garde haussa les sourcils, surpris. D’habitude les aventuriers, ces fauteurs de troubles de passage, ne se souciaient pas de ceux qu’ils tabassaient !
"Euh, faites donc... Mais on vous surveille ! Allez donc voir le Frère Dosnier." répondit le chef des gardes, en désignant un vieil homme qui circulait au milieu des corps.

Derym se dirigea vers le vieil homme, plein de respect pour le guérisseur. Celui-ci circulait au milieu des victimes avec ses adjoints, et se grattait la tête d’un air perplexe.
"Pardon... Je m’appelle Derym et j’ai participé à ce... combat... Et j’aimerais voir si je ne peux pas aider à soulager ces malheureux." Le vieillard se tourna vers lui, le regard accusateur.
"Vous les avez bien trop soulagés ! Pas un de ces mécréants n’est vivant. Bon Dieu... Euh, pardon Noble Tür ! Mais quelle magie avez vous utilisé : je n’arrive même pas à contacter l’âme de l’un de ces gars ?!?" Derym accusa le coup, chancelant. Son premier meurtre ! Il avait pris la vie d’un parfait inconnu !

Le commandant et Lelfe les rejoignirent sur ces entrefaites.
"Alors on a quoi ?"
"Plein de macchabées non identifiés... Et ininterrogeables, même par les puissances célestes. Une magie puissante est à l’oeuvre."
"Etrange..." murmura Lelfe. "Aucun de nous ne maîtrise de sortilège assez puissant pour détruire jusqu’à l’âme des morts ! Pas moi en tout cas... Et Groumpf marche plutôt au physique. A moins que... Derym !"
"Eh ! Moi j’suis juste apprenti-Druide ! Ces histoires de sorcellerie et de vol d’âme ça me dépasse complètement." Un garde vient interrompre la conversation.
"Chef ! C’est comme vous le soupçonniez : ce sont tous des membres de la Guilde. En fait quasiment tous les membres qu’on connaît ! Et y’avait des suivants de Bhaal avec eux."
"Bien... Cela confirme vos dires." dit le Commandant en se tournant vers Lelfe. "Vous êtes donc libres de partir. Mais une donation volontaire pour dédommager les victimes et réparer la cité serait grandement appréciée" termina-t-il avec un geste de la main fort commun.
"Mais certainement ! J’espère que cela aidera aussi l’enquête et simplifiera les procédures administratives..." répondit Lelfe en faisant passer discrètement une bourse rebondie au Commandant.
"En tout cas je vous engage à quitter la ville au plus vite et à vous faire discrets un moment !"

Le groupe s’éloigna donc des lieux du massacre, rassemblant leurs bagages pour quitter au plus vite la cité.
"Euh, dis-moi, Lelfe... Pourquoi t’as payé ce garde ?" demanda innocemment Derym
"Aheum ! C’était... une amende ! Plus un petit don pour aider à reconstruire ce qu’on a détruit."
"Ah ! Tu es bien généreux ! C’est bien."
"En fait, j’ai utilisé ton argent..."

Dans la forteresse des Paladins d’Hillend, Ysandre, elle, subissait les remontrances de ses chefs.
"Alors vous avez engagé le combat avec des inconnus, entraînant avec vous deux novices de l’Ordre... Et cela dans un quartier qui ne dépend pas de votre juridiction !"
"Nous avions vu les flammes et entendus les cris... On a accouru sans réfléchir pour aider."
"Oui, c’est cela... Sans réfléchir ! Et deux de vos amis sont morts !"
"J’ai fait ce que je croyais juste. Et j’ai fait les sommations d’usage. Et ils se sont jetés sur nous..."
"Et vous avez engagé le combat avec deux novices inexpérimentés, qui vous ont suivi aveuglement vers leur mort..."
"Hélas, oui... J’ai été... Négligente et agressive, et je m’en repends..."
"Et regardez ce que vous portez à la ceinture, bien rangé dans son étui. Mais qu’est-ce ?"
"Une arbalète, monsieur..."
"Et avec des carreaux paralysants, le tout offert par nos généreux contribuables... Ce n’est plus de la négligence ! Mais de l’incompétence !"
"Mille excuses à vous, aux familles de mes compagnons et à Tür... J’ai péché par orgueil : je pensais vaincre. J’ai toujours trouvé ces armes un peu... lâches."
"Sans oublier que les ordres étaient très clairs : ce quartier n’est pas sous votre juridiction !"
"Encore une fois, je m’excuse... J’ai agis pour mes convictions et pour le Bien, ou ce que je pensais l’être."
"Ce sera tout Paladine ! Nous avons à discuter..." ++++ Les Maîtres-Paladins se retirèrent pour délibérer. Ysandre priait fermement Tür pour qu’il ne l’expulse pas de l’Ordre ! C’était devenu toute sa vie ! Maudite soit sa témérité ! Si elle avait réfléchi un tant soit peu, elle aurait résolu cette triste affaire sans entraîner ses camarades dans la mort... Perdue dans ses tristes pensées elle remarqua à peine le retour de ses chefs.

_"Paladine Ysandre Sombreterre, levez-vous !"
"Oui, mes Seigneurs !" sursauta t’elle. "Je suis prête à entendre la volonté de Tür."
"Vous avez fait preuve de courage autant que de stupidité dans cette affaire ! Ceci est à mettre sur le compte de votre relative inexpérience au service de L’Ordre."
"Oui..."
"En conséquence, pour parfaire votre éducation, nous vous nommons Paladine Errante de Tür !"
"Vous... Vous m’exilez !?!"
"Ne voyait pas cela comme une punition ou un exil ma Soeur, mais plutôt comme un voyage initiatique, une occasion de servir l’Ordre de part le monde et d’aguerrir tant votre Foi que votre corps..." Sur ces paroles, la jeune Paladine fut conduite hors de la Forteresse. Elle fut bruyamment encouragée par quelques novices, ce qui la réconforta un peu. Elle ne s’attendait pas à devoir quitter Hillend... Mais au fond d’elle-même, son coeur se gonflait de joie : elle allait partir à l’aventure ! Comme dans les romans qui avaient bercé sa jeunesse ! Prenant ses affaires, y compris son armure, son bouclier et son épée longue, elle se dirigea vers les portes de la ville d’une démarche assurée.

"Eeehoooo !! Ysandre !!" Surpris la jeune fille se retourna. Juché sur un chariot, Lelfe et Derym agitaient les bras dans de grands signes amicaux.
"Vous quittez aussi la cité ?" demanda Derym à la Paladine. "Ce n’est pas un peu dangereux pour une femme seule ?" La jeune fille eut un reniflement méprisant.
"Je suis une Paladine, tout de même ! Je sais me défendre. Et pour répondre à votre question, oui je pars en effet. Mes supérieurs ont jugé qu’il fallait que je m’aguerrisse un peu en visitant le monde."
"Vous avez été déchue, quoi !" affirma Lelfe dans un sourire.
"Certainement pas ! Tür reste mon Maître et moi sa servante ! Je ne vous permets pas, espèce de Paladin à la manque !"
"Ahaha ! Je plaisantais, noble Dame. Milles excuses si je vous ai choqués. Mais avez vous un but précis dans votre voyage ?"
"Non, pas vraiment... Je suis désormais Paladine Errante et j’irais là où la Justice à besoin de moi."
"Humm, noble idéal... Peut être un rien ambitieux."
"Excusez-moi, mais si vous n’avez pas de but précis, pourquoi ne pas nous accompagner ?" demanda gentiment Derym.
"Quoi, voyager avec cette bande de fauteurs de troubles !?!" s’écria la jeune fille. "Humm... Après tout pourquoi pas... Il faut bien quelqu’un pour vous surveiller !"
"C’est donc réglé !" s’écria Lelfe "Groumpf fait monter la demoiselle ! Je lui expliquerais la quête de notre apprenti-Druide en chemin."

Dans la Forteresse d’Hillend, les gardes de la cité finissaient de rassembler dans une salle les diverses pièces à convictions de la récente rixe. Un visiteur vêtu de noir se présenta devant les grilles de la bâtisse à la tombée de la nuit. Curieusement, les gardes présents le firent entrer sans même poser de questions... La silhouette encapuchonnée de ténèbres circula d’un pas impérieux dans les corridors. Chaque garde détournait le regard à son approche, avant de prendre un air de béate ignorance. Le visiteur parvint au bureau du Commandant de la garde d’Hillend. Il entra sans se faire annoncer.

"Qu’avons-nous ?" demanda-t-il d’une voix mélodieuse et autoritaire.
"Voici : chaque corps à reçut un carreau d’arbalète bien étrange... Parfois après la mort même du bandit. Nos mages et nos prêtres ne sont pas sûrs mais il pourrait être enduit d’une substance qui empêcherait de contacter l’âme des morts..." répondit l’officier le regard perdu dans les yeux verts du mystérieux visiteur.
"Une magie puissante... Et employée en grand nombre. Poursuivez !"
"Les agresseurs du groupe d’aventuriers sont tous des membres locaux de la Guilde de Voleurs, Mendiants et Mercenaires d’Hillend. Une organisation discrète et assez calme dans nos contrées... Enfin habituellement. D’après nos sources quasiment tous les membres ont participé à l’assaut. Du jamais vu !"
"Il me faut l’adresse et la liste des membres de cette Guilde." Obéissant, l’officier tendit un parchemin à l’homme masqué. Visiblement l’enquête avait déjà eu lieu... Il lui donna aussi un exemplaire des carreaux retrouvés sur les corps.

"Rien d’autre ?" demanda le visiteur.
"Certains cadavres portaient la marque de Bhaal, le Dieu des Assassins. Visiblement des fanatiques d’un culte quelconque... Ils viennent parfois aider la guilde pour des contrats difficiles." Le visiteur hocha la tête, puis repartit aussi vite qu’il était venu. Dès sa sortie les gardes battirent des paupières et reprirent leurs activités normales... Ils avaient déjà tout oublié du passage de l’inconnu. ++++ Celui-ci marchait d’un pas rapide et totalement silencieux sous la lune, à peine visible dans les ombres. Arrivé dans le quartier le plus mal famé (et le plus pauvre... pensa l’apparition) il s’arrêta. Il repéra aisément les guetteurs, fort peu nombreux qui gardaient le siège de la Guilde. Il fit quelques passes rapides avec ses mains en incantant à voix basse. Un globe de ténèbres l’entoura rapidement, avant de disparaître, semblant se dissoudre dans les ombres environnantes. Il était désormais absolument invisible et indétectable. D’un pas souple le magicien se dirigea vers le bâtiment. Négligeant la porte gardée par un faux mendiant qui simulait l’ébriété, il se glissa au travers d’une fenêtre dissimulée, visiblement une issue de secours pour les malandrins. A l’intérieur, les dires du Commandant se vérifiaient : il ne restait quasiment personne dans la Guilde. Et la nuit était trop jeune pour que les voleurs et les assassins soient déjà au travail.

L’assaut contre le groupe de Derym avait sérieusement entamé les effectifs. Qu’est-ce qui avait poussé ces mécréants à une telle extrémité ? Toujours indétectable, il monta dans les étages de la Guilde, à la recherche d’un responsable. Souriant dans les ténèbres, il repéra un passage dérobé. Au bout de celui-ci il découvrit deux malheureux gardes postés devant une porte frappée du symbole de Bhaal. D’un geste le mage tira une dague tordue de sa cape et égorgea le premier soudard sans un son. Avant que l’autre n’ait pu réagir, une longue épée noire lui transperça le coeur. Les deux corps churent en silence au milieu d’une mare de sang. La Magevision du sorcier lui révéla un piège particulièrement vicieux qui protégeait la porte. Et qui donnerait l’alarme en sus. Il ne prit aucun risque et entonna un long chant complexe.

Le visiteur se transforma en brume noirâtre avant de se glisser sous la porte. Là il se rematérialisa devant un autel enduit de sang. Un homme entre deux âges incinérait divers papiers avec hâte dans un petit brasero. Le responsable de la guilde eut un petit jappement de terreur en voyant apparaître son sombre visiteur. D’instinct il leva une arbalète et attaqua l’apparition. Le carreau se suspendit dans les airs devant le doigt levé et l’incantation du magicien.

"Pas de ça mon ami. Je viens seulement discuter..." murmura le visiteur. Le Maître de la Guilde afficha un sourire contrit.
"Vous êtes puissant... Je coopère donc. Nul besoin de risquer ma vie contre quelqu’un capable de s’introduire chez moi ainsi."
"Raisonnable. Alors dîtes moi qui vous servez ! Et donner moi par ailleurs toutes vos informations sur Derym et son groupe !" réclama l’apparition d’une voix cassante.
"De suite, ma seigneurie... Vous comprenez que, normalement, ma Guilde ne peut révéler comme ça les secrets de ses employeurs. Surtout quand ils sont si puissants." révéla l’homme d’un ton mielleux.
"Si tu crains pour ta vie, soucie-toi plutôt des dangers les plus immédiats et répond ! Et sache que si les renseignements valent le coup, je serais peut être en mesure de te protéger."
"J’en doute mon seigneur... Mais j’ai quand même quelque chose pour vous." répondit le maître-voleur en fouillant dans son bureau. Brusquement il pivota en lançant une sphère de verre au sol. Un flash brutal de lumière crue agressa les yeux du magicien. Profitant de cette brève distraction, le Maître de la Guilde se jeta vers un passage secret et actionna un levier dissimulé qui allait remplir la pièce d’un gaz mortel. Il se jeta après vers une échelle de corde : il devait fuir au plus vite par les toits !

Courant, sautant de maison en maison avec l’agilité donnée par une longue pratique, il pensait semer aisément son poursuivant, si celui-ci n’était pas déjà mort asphyxié. Sa surprise fut grande quand une silhouette encapuchonnée sortie de derrière une cheminée. Visiblement, son poursuivant avait beaucoup de ressources. Il était fini. Il tenta de prier son Dieu ténébreux, mais le magicien inconnu fut bien plus prompt et le réduisit au silence d’un geste. le mage plongea ses yeux verts désormais phosphorescents dans le regard du chef de la Guilde.
"Inutile de fuir... Je peux obtenir mes informations même si je te réduis à l’état de cadavre." résonna une voix dans l’esprit terrorisé du malandrin.
"...ça j’en doute... Bhaal à moi ! " pensa le maitre-voleur en brisant sa fausse dent. L’homme mourut trop vite pour que le mage neutralise le poison. Quel dévouement envers les secrets de sa guilde ! Son employeur devait être vraiment terrifiant pour générer une telle loyauté chez ces bandits. Mais le magicien avait dit vrai : il pouvait réellement faire parler les morts . Il commença à incanter autour du corps étendu sur le toit.

Son sort fut brutalement interrompu quand le cadavre lui enfonça une dague dans le ventre. Puis il l’envoya bouler contre une cheminée avec une force monstrueuse. Le sorcier se remis instantanément en position de combat, ses sorts en Contingence l’ayant déjà soigné et préparé à un affrontement. Devant lui se tenait désormais un être différent : sur le visage déformé du mort brillait le symbole de Bhaal !

"Bhaal... Une visite personnelle du Seigneur du Meurtre ! M’aurait-on déjà condamné, en haut lieu ?" ricana le magicien.
"Humf, culotté de dire ça. Mais ça ne m’étonne pas de ta part... Rassure toi, je suis là à titre purement personnel."
"Et que me vaut l’honneur de votre visite, Votre Sainteté ?"
"Pas de sarcasmes, misérable mortel ! Je viens te prévenir : ne te mêle pas de ce qui ne te regarde pas. Et cesse d’occire mes fidèles !"
"Et le libre arbitre, alors ? Il se trouve qu’ils ont éveillé ma curiosité. Nul être ne peut me dire de quoi je dois me mêler ou pas !"
"Serais-tu prêt à affronter un Avatar pour ça ? Ta curiosité mérite telle d’encourir la colère d’un Dieu ?"
"Ainsi, cette affaire avec Derym a des répercussions divines... Intéressant. N’essaie pas de m’arrêter ! Tu sais de quoi je suis capable. Et d’ailleurs ton bluff ne marche pas avec moi : devant moi se trouve seulement un corps de fidèle possédé et renforcé par ton Essence... Pas un véritable Avatar ! Alors, souhaites-tu répondre à mes questions maintenant ?"
"Oohhh ! Tu transformerais cette bonne ville en cratère fumant ? " Demanda une petite voix venant d’une flaque d’ombre. Un petit homme vêtu de cuir noir et complètement masqué émergea littéralement des ténèbres. Sa présence statufia les deux interlocuteurs. Aucun d’eux ne l’avait sentit arriver...

"Seigneur Mask, Dieu des Voleurs ! Que de nobles rencontres sous la lune ce soir." déclama le magicien d’une voix déjà moins assurée.
"Et sous la forme d’un véritable Avatar. Alors mon ami, prêt affronter deux divinités ? Pas très raisonnable tout ça..."
"Surtout après la destruction des Îles Sélènes et de la ville de Sabre-Crânes. Une nouvelle destruction de masse nuirait grandement à votre réputation. Et entamerait le peu de crédibilité qu’il vous reste." renchérit le Dieu des Assassins.
"Humm... Bien joué, messieurs !" dit le sorcier en baissant les bras. "Cependant je ne pense pas qu’un seul de vous puisse me terrasser. Surtout connaissant vos rivalités. Celui qui m’affrontera risque de favoriser son rival... Une trahison est si vite arrivée. Surtout entre divinités maléfiques."
"Pat..." déclara le Dieu des Voleurs.
"En effet la situation est bloquée... Que chacun rentre donc chez soi et oublie cet incident." déclara Bhaal.

Les trois personnages s’écartèrent lentement les uns des autres. Le magicien eut un bref sourire, s’inclina et disparut dans une lueur scintillante.
"Alors mon ami... Quelle intervention peu discrète." murmura le Dieu des Voleurs à son confrère.
"J’ai dû me déplacer pour l’empêcher de fourrer le nez partout ! Il ne doit rien apprendre."
"Imbécile impétueux ! Ta seule présence lui a déjà fournit bien trop d’éléments ! Et il ne s’arrêtera pas facilement. Evite à l’avenir ce genre de bourdes inconsidérées."
"Hummff ! Y’avait vraiment pas d’autres moyens." se justifia le Dieu du Meurtre.
"Suffit ! Je ne sais pas non plus ce que tu trames, mais sache que toi non plus tu ne dois pas te mêler des affaires de ce Derym !"
"Bien ! Je respecterais donc les désirs de l’Alliance..." répondit Bhaal d’un ton narquois, visiblement dégoûté. En signe de mépris, le Dieu abandonna brutalement le corps qu’il possédait, qui s’effondra telle une grotesque poupée macabre. Ricanant, le Dieu des Voleurs sembla se diluer dans les ombres. Il avait un rapport à faire.

Quelques instant après le départ du Dieu des Voleurs, le cadavre s’agita puis se redressa. Une voix éclata dans le cerveau du non-mort, dictant de sombres instructions.
"Ta cible est Derym. N’échoue pas ! Je t’ai donné la vie par delà la Mort . Et je peux la reprendre. Tue ce Druide ! Va ! Pars en chasse avec ce corps infatigable !" Le monstre s’ébranla et d’un bond prodigieux s’abattit dans la rue. Il se sentait fort. Il était l’Immortel ! Loin d’être un zombie gauche et incapable, il n’était plus qu’une parfaite machine à tuer. Voyant partir avec aisance la créature maudite, le Dieu du Meurtre sourit : il venait de duper son confrère si aisément ! Et avec un sort qu’il avait dérobé aux fidèles Drows de celui-ci. Il éclata d’un rire dément. Il fallait maintenant qu’il occise les survivants de la Guilde... Un petit plaisir si utile !